Présidentielle: six candidats en campagne, six programmes pour l'Algérie
Abdelaziz Bouteflika, Abdelaziz Belaid, Louisa Hanoune, Moussa Touati, Fawzi Rebaine et Ali Benflis sont tous candidats à l’élection présidentielle algérienne.
Fait inédit en Algérie, la campagne se déroule sur fond de contestation antisystème et d’appels au boycott. En cause, la candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika, très affaibli physiquement après un AVC, largement décriée par la presse, comme par une partie des Algériens.
Sur le terrain, la compétition s'annonce déséquilibrée. Abdelaziz Bouteflika, grand absent de la campagne qu’il mènera par procuration, est représenté par sept de ses conseillers. Ces derniers rompus au jeu politique et omniprésents sur le terrain font face à des candidats qui n’ont que leur seule volonté pour faire valoir leurs programmes.
Abdelaziz Bouteflika
Malgré le ras-le-bol d’une partie de la population, Abdelaziz Bouteflika reste le favori de cette élection. Ses partisans le voient toujours comme le garant de la stabilité (à son crédit, la fin de la guerre civile qui a fait 200.000 morts dans les années 90). Le jour du lancement de la campagne, ses collaborateurs ont transmis ses promesses s’il repart pour un quatrième mandat : «Une démocratie large, une démocratie participative» et un «partage» des richesses. Le président sortant fait campagne autour du mot d'ordre : «Ensemble pour l'Algérie de demain, pour un avenir meilleur pour tous.»
Ali Benflis
L’ancien chef de gouvernement (2000-2003), Ali Benflis, déjà candidat contre M.Bouteflika en 2004, est son principal challenger. L’ancien magistrat, qui se présente comme un candidat indépendant, a annoncé la couleur : «Oui pour une société des libertés». Le 24 mars à Blida, il a dressé un bilan désastreux de 15 ans de pouvoir Bouteflika. Evoquant «une situation insatisfaisante» dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de la justice et des libertés. Selon ses propos, «les juges ont les mains liées et sont soumis au pouvoir exécutif, de la nomination à la promotion jusqu'à la révocation. La justice n'est pas indépendante, c'est pour cela qu'elle ne poursuit pas les corrompus.» La veille, en lançant sa campagne à Macara, il a promis une nouvelle Constitution et un «gouvernement d’union nationale».
Louisa Hanoune
Louisa Hanoune est l’unique femme candidate. Leader du Parti des travailleurs, c’est sa troisième participation à l’élection présidentielle. En 2009, elle est arrivée deuxième derrière Abdelaziz Bouteflika. Son mot d’ordre : «L'édification de la deuxième République.» Cette militante de la première heure a entamé sa campagne à Annaba, ville de son enfance. Là, devant une salle comble, elle a déclaré vouloir donner, selon el-Watan, «des garanties au peuple non pas au FMI ni aux multinationales et encore moins à l’OMC». Critiquant le bilan de la mandature Bouteflika, elle n’a pas épargné Ali Benflis. Selon elle, «ils étaient tous au pouvoir, mais aucun d’eux n’a concrétisé ses promesses. Aujourd’hui, ils reviennent sans aucun scrupule à la charge. Ces gens doivent rendre des comptes. Si je suis élue, je vous demande d’exercer votre devoir de contrôle et d’exiger de moi des comptes.»
Abdelaziz Belaid
A 51 ans, Abdelaziz Belaid, ex-membre du comité central du FLN qui a créé en 2012 son propre parti politique, le Front el-Moustakbal, est le plus jeune des candidats. Ce médecin et avocat fait campagne sous le slogan, «L’avenir, c’est maintenant». Il a commencé son marathon électoral par Djelfa. Il fédère certains déçus du FLN et les jeunes étudiants auxquels il promet «des solutions concrètes, loin des politiques circonstancielles». Revenant sur les violences de Ghardaïa (que chacun des six candidats a pris bien soin d’éviter le jour du lancement de la campagne), «il s’est étonné de la façon dont les pouvoirs publics ont géré cette crise, liée au chômage des jeunes», explique-t-il dans La Liberté. L’ex-leader de l’Union nationale de la jeunesse algérienne dit croire en la «démocratie et au droit de manifester pacifiquement son mécontentement». Son programme : débattre «pour rapprocher les idées des uns et des autres», créer un tribunal constitutionnel élu et un million de PME.
Moussa Touati
Moussa Touati, président du Front national algérien, a commencé sa campagne électorale à Béchar. Celui qui a été recalé par le Conseil constitutionnel en 2004, candidat malheureux en 2009, prône la mise en place d’une charte nationale qui «consacrera la souveraineté du peuple» et permettra aux citoyens d'exprimer «librement leurs choix». Il vise également une «société plurielle garantissant aux citoyens le droit à la différence et à la liberté d'expression». En outre, le parti plaide pour un régime parlementaire et une économie sociale pour réduire les inégalités, comme le détaille L’Expression.
Ali Fawzi Rebaine
Ali Fawzi Rebaine, candidat du parti révolutionnaire Ahd 54, déjà trois fois candidat malheureux, a débuté sa campagne par Biskra sous le slogan : «Développement-excellence-égalité.» En cas d’élection, il s’est engagé à un changement radical, passant par la révision de la Constitution, et plaide pour un régime de type présidentiel. Il veut mener la bataille du développement et assurer l'égalité à tous les Algériens. Selon lui, «le problème majeur du pays» réside dans le manque de confiance entre le pouvoir et le peuple.
Jusqu’à la clôture de la campagne le 13 avril, les six postulants et leurs représentants vont écumer le pays et les médias audiovisuels pour tenter de convaincre et vendre leurs idées aux 22 millions d’électeurs algériens. Nouveauté oblige, chaînes privées et réseaux sociaux sont aujourd’hui de la partie pour les séduire, comme le montre L’Expression.
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