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Photo de Bouteflika twittée par Valls : «Une agression du pouvoir socialiste»
Dans un édito au vitriol, le quotidien gouvernemental «El Moudjahid» s’en prend violemment au «pouvoir socialiste». Pour le journal francophone, le tweet de Manuel Valls constitue une «attitude belliqueuse».
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Cela ne passe toujours pas. Après un silence embarrassé suite au tweet du Premier ministre français, Manuel Valls, dans lequel on voit le président algérien hagard, le regard perdu et la bouche ouverte, les autorités algériennes ont réagi vivement. Les responsables de la majorité présidentielle y voient une «ingérence insupportable».
La charge la plus violente est venue du quotidien gouvernemental El Moudjahid. Le tweet du Premier ministre français Manuel Valls du 10 avril 2016 lors de sa rencontre avec le président algérien Abbelaziz Bouteflika cristallise toute la colère de l’éditorialiste anonyme, qui y voit un complot. «De la grossière manipulation du quotidien Le Monde et son exploitation propagandiste des "Panama papers" jusqu’à l’invitation, sur les plateaux de France 24, la chaîne du ministère français des Affaires étrangères, de Ferhat M’henni (autonomiste kabyle, Ndlr), en passant par la photo du Président de la République publiée sur le compte Twitter du Premier ministre français, il y a là un faisceau de faits sur une courte durée qui ne peut être le résultat du hasard.»
Échanges économiques, humains et sécurité : la relation franco-algérienne est forte, historique et stratégique. pic.twitter.com/7w640KQyNI
— Manuel Valls (@manuelvalls) April 10, 2016
El Moudjahid croit savoir la raison de «cette agression» : la présidentielle de 2017. «A une année de la présidentielle française, on se demande ce qui a bien changé pour que le pouvoir socialiste change son fusil d’épaule. Car, avec cette agression caractérisée, on est bien loin des déclarations de bonne intention sur le fameux partenariat d’exception que les présidents des deux pays, Bouteflika et Hollande, voulaient bâtir en regardant résolument vers l’avenir. Avec cette attitude pour le moins belliqueuse, que veut exactement le pouvoir socialiste qui se croit obligé à recourir à de tels moyens, se situant à des années lumières de son discours apaisant sur sa relation avec notre pays ?»
«La maladie du Président est un problème algéro-algérien»
Les officiels algériens multiplient les déclarations et angles d’attaque depuis la fin de la semaine dernière pour voler au secours du président Abdelaziz Bouteflika, très diminué physiquement. Et acceptent enfin de dire que le président algérien est effectivement malade. «Le Premier ministre français a choisi une photo parmi tant d’autres et le moins qu’on puisse dire est que cela était inélégant envers le Président. Quand le peuple a réélu le président Bouteflika en 2014, il savait qu’il était malade. Et dans la maladie, il y a toujours des hauts et des bas. Et là, je pense qu’il est nécessaire de rappeler une chose importante : la maladie du Président est un problème algéro-algérien», affirme Amara Benyounès, ancien ministre du Commerce, au site TSA.
Cette polémique relance les spéculations sur la succession de Bouteflika, 79 ans. Les autorités algériennes démentent toute élection anticipée et affirment que le président ira jusqu’au bout de son mandat qui se termine en 2019.
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