Moines de Tibéhirine : les familles dénoncent une "confiscation des preuves" par Alger
Deux juges d'instruction sont partis en Algérie pour exhumer les restes des religieux et tenter d'élucider ce crime. Mais Alger a refusé que les enquêteurs ramènent les prélèvements effectués sur place en France.
Une "terrible déception". Les familles des moines de Tibéhirine ont dénoncé, jeudi 23 octobre, une "confiscation des preuves" par Alger. Après avoir donné son feu vert pour l'autopsie, le pouvoir algérien a refusé, en effet, que les enquêteurs français ramènent des prélèvements, pourtant prometteurs, réalisés sur les crânes des religieux assassinés en 1996. Les corps, eux, n'ont jamais été retrouvés et aucune autopsie n'avait été menée.
Deux magistrats se sont rendus sur le site du monastère Notre Dame de l'Atlas de Tibéhirine, où les moines ont été tués, pour exhumer les têtes des religieux et enquêter sur les raisons du crime.
Une version algérienne "simpliste"
Dix ans après l'ouverture de l'enquête en France, la version officielle accuse toujours le Groupe islamiste armé (GIA), des insurgés islamistes qui ont commis de nombreux crimes pendant la guerre civile algérienne. Mais deux autres pistes coexistent pour les juges : celle d'une bavure de l'armée algérienne et celle d'une manipulation des services militaires algériens pour discréditer le GIA ou se débarrasser des moines.
Aux yeux de l'avocat des familles des moines, Maître Patrick Baudouin, la version algérienne, "officielle" et "simpliste", d'un crime islamiste a encore perdu du crédit avec le refus d'Alger de laisser les enquêteurs ramener les prélèvements.
Les moines Christian de Chergé, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère, où ils avaient choisi de demeurer malgré les risques liés à la guerre civile ravageant le pays.
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