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Les journaux algériens analysent la montée du FN aux européennes

Les élections européennes ont vu la victoire des partis populistes et d’extrême droite dans de nombreux pays. Particulièrement en France. Un phénomène qui n’est pas passé inaperçu dans un pays comme l’Algérie, comme le montre la lecture de la presse francophone de ce pays.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (DR (capture d'écran d'El Watan))

Les résultats des européennes, vécus en Europe comme un «séisme», est ressenti comme tel par le quotidien de référence El Watan. Lequel parle d’un «‘‘ séisme politique’’ après la victoire des partis extrémistes». Un tremblement de terre lié au fait que dans l’Hexagone, «le parti de Marine Le Pen devient, de fait, le premier parti de France».

Pour analyser le phénomène, El Watan («La Patrie») publie plusieurs interviews. Notamment celle de Madjid Messaoudène, élu Front de gauche en Seine-Saint-Denis. Aux yeux de ce dernier, le scrutin est «une claque» pour le PS et l'UMP «qui sont, d’une manière ou d’une autre, en décalage avec ce que vivent les gens». Dans le même temps, «si la dimension du vote-sanction existe, celle du vote d’adhésion pour le FN, parti xénophobe, existe elle aussi».
 
Autre interview, celle l’universitaire Karim Amellal (Sciences Po Paris), qui relève que le score de l’extrême droite dans l’Hexagone est «le plus élevé jamais atteint par ce parti d’extrême droite en France, mais aussi dans toute l’Europe». Il évoque d’abord un vote sanction, lors d’une élection «peu mobilisatrice, lointaine et sans enjeu national véritable, qui a toujours fonctionné comme une sorte de déversoir propice à l’expression des peurs et de colères qui agitent l’opinion».

Dans ce contexte, le résultat a montré que PS et UMP «fonctionnent désormais comme des repoussoirs face auxquels le FN est parvenu, au terme d’une mue impressionnante, à s’ériger en alternative crédible aux yeux d’une partie croissante des Français». Résultat : le score du Front national traduit «sa capacité, désormais, à incarner une alternative». Il «ne fait plus peur et, paradoxalement, il rassure un nombre croissant d’électeurs». Et ce alors que «la crise ne parvient pas à être jugulée».

«Le malaise de la société européenne»
La formation de Marine Le Pen «grossit en se repaissant des illusions perdues de la gauche socialiste et des lâchetés de la droite républicaine», commente, également dans un entretien à El Watan, l’écrivain Akli Tadjer. «François Hollande avait promis le changement maintenant. Trois ans plus tard, les impôts ont achevé de ruiner les plus pauvres, le chômage n’a cessé de croître, les plus beaux fleurons de l’industrie française sont rachetés». Alors que «la droite républicaine (…) croule sous les affaires : Guéant, Balkany, Bygmalion, une claque de sénateurs pris la main dans le pot de confiture. Leur projet de société ? Courir après les idées du FN.» Conséquence : «L’électeur qui ne sait plus à qui se vouer cherche son salut à l’extrême droite. (…) Avec le FN, finis la corruption, le mensonge, finies ces hordes d’immigrés cause de tous les malheurs.»

Pour le quotidien gouvernemental El Moudjahid («Le Combattant»), «les classes populaires qui ont revigoré l'extrême droite ont réagi au premier degré à la fuite en avant des partis traditionnels qui ont fouillé dans les passions et les peurs primales leurs arguments électoraux.» 

Le quotidien conclut sur «ce profond malaise d'une société européenne qui n'arrive pas à trouver le juste équilibre entre le poids de la finance et de l'efficience économique et les aspirations d'une couche populaire qui se sent flouée par ses politiques qu'ils soient de gauche ou de droite. Cette balkanisation des deux grandes tendances politiques européennes annonce-t-elle le retour aux frontières d'avant la monnaie unique ou juste une crispation contre l'arrivée de nouveaux membres dans l'Union telle la Turquie ?»

  (DR (capture d'écran d'El Moudjahid))


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