Les journalistes algériens sous le choc après la mort de leur confrère en prison
Complètement tétanisé depuis 24 h par la mort en détention de Mohamed Talmat. Bouteflka a finalement eu un scalp de journaliste.Que faire ? pic.twitter.com/jwCGBrNTYo
— El kadi Ihsane (@ElkadiIhsane) December 12, 2016
Le journaliste algérien Mohamed Talmat, condamné en juillet 2016 à deux ans de prison pour «offense au président de la République», est décédé dimanche 11 décembre 2016, à l’hôpital de Bab El Oued (Alger), des suites d’une «infection pulmonaire», selon l’administration pénitentiaire. Mohamed Tamalt, qui possédait également la nationalité britannique, animait une page Facebook sur laquelle il publiait des contenus mettant en cause des responsables du pays ou des membres de leur famille.
Ici repose le journaliste martyr Mohamed Talmat est-il écrit : beaucoup de choses ont été enterrées aujourd'hui pic.twitter.com/7Rjx6QflnA
— Adlène Meddi (@adlenmeddi) December 12, 2016
«L’outrage à chef d’Etat ne peut justifier ce sort tragique qui marquera la presse à tout jamais. Elle remet sur le tapis le sempiternel débat sur la notion d’outrage dont foisonne la législation algérienne, au seul bénéfice du monde politique dirigeant. Quant au ministère de la justice, au cœur du problème, il est tenu de prendre des mesures conservatoires en attendant les résultats de cette commission d’enquête qui s’impose. D’ores et déjà il devra en tirer une leçon : la justice ne peut plus continuer à fonctionner avec des méthodes d’un âge révolu : des magistrats aux ordres, des conditions de détention déshumanisantes, une justice a deux vitesses… », s’indigne Ali Bahmane dans El Watan.
Le journaliste et éditeur Arezki Ait-Larbi remet en cause la version officielle. «Laisser mourir un détenu en grève de la faim relève de la non assistance à personne en danger. Mais lorsqu'on apprend que ses avocats avaient déposé plainte, en octobre dernier, contre le directeur de la prison de Koléa, suite au constat, par le frère de Mohamed Tamalt, de blessures sur la tête du détenu, il s'agit bien d'une présomption de meurtre que seule une enquête impartiale pourra élucider», écrit-il sur sa page Facebook. Et de poursuivre : «Est-ce le retour vers les années de plomb ? La mort suspecte de Mohamed Tamalt ne concerne pas les seuls journalistes. Elle interpelle la conscience de chaque citoyen».
VIDÉO. La mère du journaliste décédé en détention accuse et pleure Mohamed Talmat https://t.co/300Fgzaons pic.twitter.com/qVQM82RgrQ
— Amazigh Tweet (@Amazigh_Tweet) December 12, 2016
«Cette nouvelle est un véritable coup de massue pour tous ceux qui défendent la liberté d'informer en Algérie. Le message envoyé par cet évènement tragique est terrifiant : comment expliquer qu’on ait laissé l’état de santé de Tamalt se détériorer sans rien faire ? Comme l’ont souligné RSF et d’autres organisations de défense des droits humains, pourquoi une telle condamnation pour des propos exprimés sur Facebook, qui ne mettaient concrètement personne en danger ? Il est urgent de permettre aux avocats d’accéder au dossier médical du journaliste. Des excuses publiques devraient également être présentées à la famille du journaliste et une enquête doit être immédiatement ouverte pour faire toute la lumière sur cette affaire», déclare Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières (RSF).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.