Législatives en Algérie : 42 listes différentes, de nombreux candidats indépendants et la participation comme principal enjeu de ce vote anticipé
Rejetées par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l'opposition, ces élections se déroulent aussi sur fond de répression.
Les Algériens choisissaient samedi 12 juin leurs députés lors d'élections législatives anticipées, rejetées par le mouvement contestataire du Hirak et une partie de l'opposition.
Ce matin dans le quartier d'Hydra, sur les hauteurs d'Alger, ce n'était pas la grande foule devant les bureaux de vote. Pour ces premières élections législatives depuis le départ du président Bouteflika, c'est un "scrutin sur fond d'inquiétude", comme le titre le quotidien El Watan, mais aussi de grande indifférence de l'opinion publique. Dans ce bureau de vote, les électeurs ont le choix entre 42 listes différentes et les urnes sont encore vides. Certes, nous sommes un jour de weekend et les électeurs ici votent plutôt l'après-midi, mais le manque de participation promet de battre des records. Aux dernières élections en 2017, le taux de participation n'avait pas dépassé les 35%. A la mi-journée ce samedi il s'établissait à 10% seulement. Les bureaux de vote fermeront à 19h.
De nombreux indépendants parmi les candidats
L'un des rares électeurs du bureau de vote veut quand même croire au changement. "On met le pied dans une nouvelle ère", estime-t-il. C'est très important pour le pays d'avoir des députés élus, et normalement élus dirons-nous. Cette année il y a beaucoup de candidats indépendants et je trouve ça bien parce qu'on a trop de partis et il n'y a jamais trop de programmes."
La vie politique était un peu étouffée par ce que vous savez, donc aujourd'hui, ces candidats indépendants donnent de l'espoir, ils amènent des idées nouvelles.
Un électeur dans le bureau de vote de Hydra à Algerfranceinfo
Et c'est sur ces futurs députés indépendants que le président Tebboune compte s'appuyer pour ces élections. Pour Karim Kebir du journal La liberté, l'objectif du président algérien est de se tailler une majorité sur-mesure dans le prochain parlement. "Dès le moment où Abdel-Madjid Tebboune avait parlé de privilégier la société civile, on savait qu'il allait beaucoup miser sur les candidats indépendants, analyse-t-il. D'abord pour se défaire un peu des partis classiques du pouvoir : le RND et le FLN parce qu'ils sont trop encombrants, ensuite parce que l'opposition boycotte les élections. Donc ils vont privilégier les indépendants, qui incarnent selon eux le renouveau, qui vont opérer la rupture avec les anciennes pratiques. Il y a aussi un petit dosage des islamistes, qui sont toujours des islamistes maison, qu'ils manipulent à leur guise."
Quant au Hirak, le président Tebboune va continuer à utiliser la politique du bâton, comme en témoigne l'arrestation de trois figures de ce mouvement de contestation pacifique la veille des élections législatives, dont on a appris samedi matin la libération, à quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote. Il s'agit de Khaled Drareni, journaliste correspondant de RSF et TV5 Monde, Ishane El Kadi, directeur de Radio M et de Karim Tabou, une figure du Hirak.
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