L'apaisement entre Paris et Alger est "inévitable ", car la France manque de "marges de manœuvre", selon le chercheur Hasni Abidi

Selon le chercheur, la question des influenceurs "serait réductrice" pour expliquer cette crise. C'est plutôt l'attitude de Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur "qui agace Alger".
Article rédigé par franceinfo
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Le politologue Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève. (MAXPPP)

La crise entre la France et l'Algérie est "différente des précédentes et peut-être plus dangereuse parce qu'elle s'accélère", observe samedi 11 janvier sur franceinfo Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève. Selon lui, l'apaisement est "inévitable", car les "marges de manœuvre de la France" qui menace de sanctions Alger "ne sont pas si grandes".

Vendredi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a prévenu Alger que la France n'aura "pas d'autres possibilités que de riposter si les Algériens continuent cette posture d'escalade". Il évoque des sanctions comme réduire la délivrance de visas ou l'aide au développement. Or, en 2021, la France avait déjà baissé drastiquement l'obtention des visas pour le Maghreb sans "grand résultat", rappelle Hasni Abidi. Il souligne aussi que "la France n'a pas de grands leviers en matière de sanctions économiques" sans "être adoubée par l'UE" pour agir contre ce pays exportateur de pétrole et de gaz. "Il y a des agitations, mais je pense que le ministre Jean-Noël Barrot évoque ces sanctions sans fondement, sans avoir l'accord du président de la République", ajoute le chercheur.

Les relations entre Paris et Alger se sont envenimées depuis le refus des autorités algériennes, jeudi, de reprendre sur son sol un influenceur algérien expulsé par la France pour avoir tenu des propos haineux sur les réseaux sociaux. Cet épisode a provoqué l'ire du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, jugeant que l'Algérie cherchait à "humilier la France". La question de l'immigration et le renvoi de cet influenceur, surnommé Doualemn, "serait réducteur" pour expliquer cette crise, selon Hasni Abidi. "C'est plutôt l'activisme politique et médiatique du ministre de l'Intérieur qui agace Alger", estime-t-il. Le chercheur appelle au "retour de la retenue" pour parvenir à retrouver "un statu quo" dans la relation entre les deux pays.

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