Influenceur algérien renvoyé vers la France : trois questions sur les moyens évoqués par Bruno Retailleau pour faire pression sur l'Algérie

Après le retour d'un influenceur algérien expulsé, le ministre de l'Intérieur a dénoncé une volonté de l'Algérie "d'humilier la France", dans un contexte de relations franco-algériennes déjà tendues.
Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministrede l'Intérieur Bruno Retailleau (au centre), entouré du ministre délégué aux Affaires étrangères Thani Mohamed Soilihi (à droite) à Nantes, le 10 janvier 2025. (LOIC VENANCE / AFP)

Bruno Retailleau entre dans un bras de fer avec l'Algérie. "On voit bien que l'Algérie cherche à humilier la France", a déclaré le ministre de l'Intérieur, vendredi 10 janvier, après le refus d'Alger d'accueillir sur son sol un influenceur algérien. L'homme a été expulsé par la France et renvoyé par l'Algérie jeudi soir. Bruno Retailleau cherche des moyens de faire pression sur le pays du Maghreb. Il envisage trois leviers : les visas, les droits de douane et l'aide publique au développement.

1 Comment agir sur le nombre de visas ou de laissez-passer consulaires ?

Bruno Retailleau estime qu'il y a trop d'écart entre le nombre de visas accordés par la France à des Algériens et le nombre de laissez-passer consulaires de l'Algérie, pour que ses ressortissants, expulsés par Paris, reviennent sur son territoire. Concrètement, la France a accordé 200 000 visas à des Algériens en 2023 quand l'Algérie, elle, n'a validé que 470 laissez-passer consulaires. Moins de 20% des demandes françaises ont été acceptées.

Il faut tout de même noter que cela fait plusieurs années déjà que les visas et les laissez-passer consulaires sont devenus des moyens de pression entre les deux pays. La conséquence est la quantité des uns et des autres a commencé à baisser ces dernières années. La France a accordé deux fois moins de visas à l’Algérie en 2023 qu’en 2017. Dans le même temps, le taux de coopération de l’Algérie sur les laissez-passer consulaires a été divisé par trois.

2 Est-il possible de changer les droits de douane pour l'Algérie ?

Non, sauf si le gouvernement français réussit à convaincre toute l'Union européenne. Les droits de douane avec l'Algérie sont définis par l'UE. Il y a des tarifs préférentiels. Les droits de douane sont réduits de 40 à 100% sur certains produits agricoles, exportés par l'Algérie.

3 L'aide publique de la France au développement de l'Algérie est-elle importante ?

L'aide publique au développement est un sujet complexe. Si on regarde les rapports parlementaires à ce sujet, on peut voir que la France a accordé 132 millions d'euros d'aide publique au développement à l'Algérie en 2022, environ 600 millions d'euros en cinq ans.

Sauf qu'il s'agit d'un chiffre en trompe-l'œil. La quasi totalité de cet argent ne va pas dans les caisses de l’Etat algerien. Plus de 90% sont des frais d'écolage, c'est-à-dire les sommes que l'Etat français donne aux universités et aux écoles françaises, en France, pour accueillir des étudiants algériens. Le reste finance par exemple des actions d'ONG françaises sur le territoire algérien. Réduire cette aide semble donc difficile, sauf à refuser d’accueillir des étudiants algériens.

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