Cet article date de plus de deux ans.

Elisabeth Borne en Algérie : "Il faut voir si cela ne sera pas un feu de paille, si cela sera durable", analyse un expert

La Première ministre entame ce dimanche 9 octobre une visite en Algérie pour donner une "impulsion nouvelle" dans les relations entre Paris et Alger. "Il faut voir si cela va se construire enfin sur des intérêts bien compris des uns et des autres", observe sur franceinfo Kader Abderrahim, directeur de recherches à l’IPSE. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La Première ministre Elisabeth Borne le 5 octobre 2022. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

À peine un mois et demi après la visite d'Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, épaulée d'une quinzaine de ministres, débute une visite de deux jours en Algérie ce dimanche 9 octobre, avec l'intention de concrétiser la relance du dialogue avec Alger. "Il faut voir si ça ne sera pas un feu de paille et si cette relation bilatérale va se construire enfin sur des intérêts bien compris des uns et des autres", tempère sur franceinfo Kader Abderrahim, directeur de recherches à l’IPSE (Institut de prospective et de sécurité en Europe), maître de conférences à Sciences Po.

franceinfo : Etait-il nécessaire qu'autant de ministres se déplacent en Algérie ?

Kader Abderrahim : C'est un signal de ce que la France entend donner à la relance de cette relation nouvelle. La volonté y est mais il faut voir si cela sera durable. Il faut voir si ça ne sera pas un feu de paille et si cette relation bilatérale va se construire enfin sur des intérêts bien compris des uns et des autres.

Il y a eu de nombreux mécontentements entre les deux pays. Pensez-vous que cela soit oublié ?

Je ne sais pas mais en matière de diplomatie il est important d'avoir de la mémoire et en même temps d'avoir la capacité à passer par-dessus les obstacles, sinon on est tout le temps bloqué et on n'avance pas. Compte tenu de la situation, on est tous dans un momentum historique particulier compte tenu de la guerre en Ukraine et de ses répercussions sur l'Europe et le Maghreb en général. Tout le monde doit aujourd'hui recentrer ses préoccupations pour faire valoir ses intérêts. Les uns et les autres sont en train de comprendre qu'il faut sceller des partenariats nouveaux pour ne pas être totalement marginalisé.

Beaucoup d'Algériens n'ont pas connu la guerre d'Algérie. Quelle image ont-ils de la France ?

Globalement, on doit être assez lucide côté français sur le fait que la massification de la langue arabe a placé la langue française au second plan. La question est de savoir comment ce soft power peut se décliner aujourd'hui dans un contexte qui n'a rien à voir avec celui des années 60-70 où il n'y avait pas beaucoup d'efforts à faire. Aujourd'hui, il y a des offres nouvelles, une présence chinoise extrêmement importante, une présence turque sur le plan commercial. La langue anglaise est en train de chercher à détrôner le français. Donc, je crois qu'il va être question de tout cela.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.