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"Ce n’est que la continuité du système" : en Algérie, les manifestants maintiennent la pression sur le scrutin présidentiel

Alors que des milliers de personnes sont descendues jeudi dans les rues d'Alger et d'autres villes d'Algérie aux cris de "Pas de vote ! Nous voulons la liberté !" pour dénoncer la tenue de l'élection présidentielle, le résultat de ce premier tour de scrutin a peu de chance de calmer les esprits.

Article rédigé par Mathilde Dehimi
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les Algériens sont appelés à élire leur nouveau président de la République, neuf mois après la démission d'Abdelaziz Bouteflika, malgré une forte contestation de la population qui manifeste régulièrement contre ce scrutin, comme ici à Alger le 12 décembre, jour du premier tour de l'élection présidentielle. (ADEL SEHREI/WOSTOK PRESS / MAXPPP)

Les résultats officiels du premier tour de l'élection présidentielle qui s’est tenue jeudi 12 décembre en Algérie seront normalement connus vendredi dans la journée. Dès hier soir, plusieurs candidats se proclamaient vainqueurs ou qualifiés pour le second tour, ce qui serait une première dans le pays. Le taux de participation est de 40% si l’on en croit la toute nouvelle autorité indépendante des élections mais les équipes de campagne relèvent des incidents autour de certains bureaux de vote. Ce scrutin s’est déroulé dans un climat de tension alors qu’une partie de la population a continué de manifester pendant le scrutin comme elle le fait depuis dix mois. Le résultat de cette élection ne changera rien donc pour les partisans d’un changement complet de système.

Pour Missaouda , sa fille Hayat et sa petite fille Insaf, le vendredi est devenu un jour sacré, celui des manifestations que Missaouda ne raterait pour rien au monde malgré ses 70 ans et sa santé fragile. Le mouvement doit continuer, dit-elle, notamment pour soutenir les familles de ceux qui ont été arrêtés. "Je pleure pour mon pays, confie Missaouda, surtout pour les enfants, les jeunes étudiants quand je les vois frappés." A ses côtés, sa petite fille Insaf, n'est pas optimiste. "On ne peut rien faire pour notre avenir", lâche-t-elle timidement.

"Je ne le reconnaîtrai jamais comme étant mon président"

Hayat, la fille de Missaouda, est plus revendicative. Cette élection peut peut-être changer les choses, admet-elle du bout des lèvres, et il y a un petit espoir, selon elle, d’écarter une gouvernance militaire de fait incarnée par le général Gaïd Salah. "On ne veut plus voir ce militaire. Au moins on aura un interlocuteur. Ça va peut-être changer vers le mieux, espère Hayat. Il saura que la majorité de la population le rejette et s’il a une petite conscience il va se dire : ‘laissons le peuple choisir son représentant’." Mais pour son amie Nadia, pas question de donner le moindre crédit au vainqueur de ce scrutin. "Je ne le reconnaîtrai jamais comme étant mon président, impossible. Hors de question qu’il me représente, il ne sera jamais mon président. Ce n’est que la continuité du système", dénonce-t-elle.

Trois générations qui ne se sentent pas engagées par le résultat du vote, car c’est une façon pour eux, disent-elles, de nous dire ensuite que les urnes ont parlé et qu’il faut arrêter le mouvement. 

Trois générations de femmes algériennes commentent l'élection présidentielle au micro de Mathilde Dehimi, avec Arthur Gerbault aux moyens techniques.

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