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Belkhadem, le bras droit de Bouteflika éjecté du pouvoir

Les journaux algériens sont unanimes. Pour être désavoué de la sorte, le conseiller spécial a dû commettre un crime de lèse-Bouteflika. Ce crime, avoir annoncé qu’il était prêt pour le poste suprême
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Abdelaziz Belkadem  conseiller spécial du président Bouteflika a été remercié sans ménagement. (AFP/Farouk Batiche)

Bouteflika n’aime pas les ambitieux et les pressés. Abdelaziz Belkadem vient à son tour de l’apprendre à ses dépens. Malgré son parcours parfait, l’homme que tous les observateurs pressentaient comme futur président, a chuté, énième victime de la disgrâce présidentielle.
 
Comme le souligne le journal Le Soir d’Algérie : « Il ne manquait que la dernière marche, celle du pouvoir suprême. Chose que Bouteflika ne tolérera jamais à personne, de son vivant…»
 
On imagine aisément aussi que, dans l’ombre, les camps s’agitent pour mettre en avant leur champion à la succession d’un président qui s’accroche au pouvoir. Les coups bas ne doivent pas manquer.
 
La Liberté souligne aussi le ton et la sémantique utilisée par l’agence de presse officielle APS.
«Il est mis fin à toutes ses activités en relation avec l’ensemble des structures de l’Etat». Une mort politique, qu’on ne réserve qu’aux pires traitres. Bouteflika demande même son éviction du FLN.
 
Et donc, toute la presse algérienne cherche la raison du courroux présidentiel.
On le cherche dans l’ascension du conseiller spécial. Car Abdelaziz Belkadem ne faisait pas secret de son ambition. Islamo-conservateur surnommé «barbe FLN» par les journaux, il est entré en politique en 1976. Il s’oppose aux militaires qui en 1991-1992 privent le Front islamique du salut (FIS) de la victoire.
 
Huit années de traversée du désert plus tard, il est remis en selle, par Bouteflika lui-même, dès son arrivée au pouvoir.
 
Belkadem se voyait candidat aux dernières élections. Las, Bouteflika a rempilé.et l’ambitieux a dû ronger son frein, se contentant in fine des titres de ministre d’Etat et conseiller spécial en mars 2014.
 
A-t-il trop marqué son impatience, notamment en affichant sa volonté de prendre la tête du FLN ? Cela a sans doute conduit à sa perte.
Enfin selon El Watan, l’entourage de Bouteflika n’a pas supporté que le conseiller affiche son indépendance, en étant présent à l’université d’été du Front du changement, le parti de «l’ennemi juré», Ali Benflis. La provocation de trop.
 
Un double symbole du reste. Ali Benflis, ancien premier ministre avait en son temps connu les affres de la disgrâce.

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