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Algérie: les appels au calme se multiplient après l’embrasement de Béjaïa

La grève générale des commerçants, très largement suivie, a dégénéré à Béjaïa où des scènes d’émeutes et de pillages se sont multipliées jusque tard dans la journée du lundi 2 janvier 2017. Un «dérapage» qui a suscité de nombreux appels au calme.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran Youtube montrant les violences à Béjaïa. (Capture d'écran Youtube)

Lancée sur les réseaux sociaux, la grève générale des commerçants de la wilaya (département) de Béjaïa (ex-Bougie, à 228 km à l’est d’Alger) devait durer cinq jours. Le 2 janvier, les rideaux étaient baissés. Objectif: protester contre la hausse des prix qui serait induite par la loi de finances 2017.

Mais sont survenues des émeutes, qui se sont propagées aux communes limitrophes, et des pillages en fin de journée. «La petite Suisse», surnom de la ville kabyle, a sombré dans la violence.
 
Pour la plupart très jeunes, les manifestants se sont attaqués aux édifices publics, symboles de l’Etat, avant que tout ne dégénère dans une confusion totale, avec le pillage du showroom du fabricant de téléphones Condor ou encore l’agence bancaire française BNP. Il y aurait plusieurs blessés parmi les manifestants et les policiers. 







Qui sont les casseurs? «Voyous» et «baltaguia» et «complot»
Comment une manifestation pacifique a-t-elle dégénéré en violence incontrôlable? Qui en sont les responsables? «Ce qui s’est produit hier à Bejaïa était surtout l’œuvre de délinquants ou de jeunes en manque de sensations fortes. C’était une violence gratuite et inacceptable», tranche TSA.

Qui a appelé à une grève générale? Pas l’officielle Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). «Un appel anonyme qui a fait son chemin depuis quelques jours sur les réseaux sociaux a réussi à fédérer l’essentiel de ce que compte Béjaïa comme commerçants de détail et de gros», constate El Watan

«Il n’y a en Algérie aucune tradition démocratique en matière de protestation publique. La contestation collective des pouvoirs constitués ne s’inscrit ni dans le droit, ni dans le discours. Elle ne s'inscrit pas non plus dans des institutions qui protègeraient le droit inviolable de la remise en cause des politiques (quel que soit leur «uniforme») qui seraient jugés indifférents à la souffrance des gens. Aussi, à défaut de bouter légalement hors des positions de pouvoir ceux qui pensent qu’ils sont là pour l’éternité, il ne reste plus que l’émeute», a expliqué à Géopolis le sociologue Smain Laacher.


Caricature parue dans le quotidien «Liberté». (DR/Liberté)

Appels au calme
Les autorités, silencieuses, craignent que le mouvement de protestation ne s’étende à travers le pays. Des incidents sont signalés à Bouira, Boumerdès (lien en arabe) et Alger. La grève a été reconduite ce mardi 3 janvier à Béjaïa où les commerçants ont toujours le rideau baissé. La Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) condamne le recours à la violence. «La LADDH appelle la population à la vigilance et au calme et réaffirme que seul un cadre pacifique serait en mesure de faire aboutir des revendications citoyennes somme toute légitimes.»

Sur les réseaux, les appels au calme se multiplient






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