Trois questions sur le retrait de l'Afrique du Sud de la Cour pénale internationale
Cela fait plus d'un an que les autorités sud-africains critiquaient le traité de Rome, fondateur de la CPI. L'Afrique du Sud pourrait désormais devenir le tout premier pays au monde à revenir sur ce texte.
L'Afrique du Sud a mis sa menace à exécution en annonçant son retrait de la Cour pénale internationale (CPI), vendredi 21 octobre, après la polémique causée par son refus d'arrêter le président soudanais Omar el-Béchir.
Cela fait plus d'un an que Pretoria critiquait le traité de Rome, fondateur de la CPI. Elle pourrait désormais devenir le tout premier pays au monde à le quitter. Franceinfo revient sur cette décision, lourde de conséquence.
Pourquoi l'Afrique du Sud a pris cette décision ?
En 2015, les autorités sud-africains s'étaient retrouvées au cœur d'une vive controverse à l'occasion de la visite à Johannesbourg de Omar el-Béchir, le président soudanais. Ce dernier est recherché par la CPI pour "génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre" au Darfour, une région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis plus de dix ans.
Venu pour un sommet de l'Union africaine (UA), le gouvernement d'Afrique du Sud avait refusé d'arrêter le chef d'Etat. Pour Prétoria, Omar el-Béchir bénéficiait, du fait de sa fonction, d'une immunité. Une affaire qui a justifié la décision de l'Afrique du Sud de se retirer de la CPI.
Pour le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha, la Cour "entrave l'aptitude de l'Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l'immunité diplomatique". De plus, ce dernier dénonce une "chasse raciale" et accuse la CPI, de "préférer de toute évidence viser des dirigeants en Afrique, et exclure les autres qui sont connus pour avoir commis ces atrocités ailleurs".
Quand sera effective cette sortie ?
Conformément à la procédure, Pretoria "a annoncé par écrit au secrétaire général de l'ONU son retrait" de la CPI, a déclaré le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha. Cette décision prendra effet dans un an "à compter de la date de réception" de la lettre adressée mercredi aux Nations unies, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.
Mardi 18 octobre, le président burundais Pierre Nkurunziza a promulgué la loi prévoyant que son pays, plongé dans une grave crise politique qui a fait plus de 500 morts, se retire de la Cour. Le pays risque donc de suivre la même voie que Prétoria et envoyer un courrier à l'ONU pour lancer formellement la procédure.
Quelles pourraient être les conséquences de cette sortie ?
Pour de nombreuses associations, cette sortie est un retour en arrière. Elle "démontre un mépris surprenant pour la justice de la part d'un pays longtemps vu comme un leader mondial en matière de justice pour les victimes des crimes les plus graves", a réagi Human Rights Watch (HRW). Il s'agit d'une "profonde trahison pour des millions de victimes" qui "sape le système judiciaire international", a dénoncé de son côté, Amnesty International.
Et surtout, cette décision risquerait de produire "un effet domino" et de pousser d'autres pays africains à claquer à leur tour la porte de la CPI, a prévenu le directeur de l'Institute for Security Studies (ISS), Anton du Plessis.
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