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Nelson Mandela, stratège hors pair et cas d’école
L'Afrique du Sud célèbre les 25 ans de la sortie de prison de son héros national qui allait devenir le premier président démocratiquement élu par toute la population. Mais la «Nation arc-en-ciel», idéal prôné par Mandela, est toujours loin d'être une réalité. Noirs et Blancs n'ont pas réussi à façonner une mémoire commune sur le régime ségrégationniste de l'apartheid.
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Mis à jour
Temps de lecture : 5min
(Article déjà publié le 06/12/2013)
Nelson Mandela, le visionnaire, fut un leader incontesté à l’éthique chevillée au corps. Son humilité naturelle, sa capacité à se remettre en question et surtout son remarquable sens tactique, travaillé pendant les 27 ans de son emprisonnement, ont contribué à sa réussite politique.
Avocat, Mandela l’a été à plus d’un titre, mais ce qui l'a le plus servi durant sa vie politique, c’est sa capacité à concevoir de multiples stratégies au service de ses combats, comme le montre Richard Stengel dans un portrait écrit en juillet 2008 pour Time Magazine (lien payant). On y apprend que l’ancien chef de l’Etat sud-africain était un politicien prudent, habile et pragmatique, qui pouvait mettre ses principes de côté, quitte à dérouter ses proches, si cela faisait avancer le débat.
Interviewé par Marc Epstein pour l’Express début 1995, Nelson Mandela avait déjà expliqué sa manière de voir les choses, affirmant que la non-négociation comme la non-violence étaient des méthodes pour arriver à un but et non un principe immuable, théorie qu'il développe dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté (1994), un livre héritage.
La réflexion au service du pays
Si Mandela, l’idéaliste pragmatique – qui n’avait qu’un seul but: renverser l’apartheid et faire voter les Noirs –, était mal à l'aise avec les concepts philosophiques, il savait les contourner pour créer le monde dont il rêvait.
Il estimait, par exemple, qu’il ne fallait pas dicter aux gens leur conduite, mais plutôt instaurer un consensus dans lequel chacun trouverait sa place. De tout temps, le leader charismatique a su convaincre et inspirer les autres, toujours avec empathie et en se mettant au diapason de ses interlocuteurs. Au final, il voulait les amener à embrasser ses idées, leur laissant croire qu'ils en avaient été porteurs eux-mêmes.
Le sens de la persuasion
Il a su séduire les Blancs en apprenant leur langue, l’afrikaans, dans les années 60 (ou en s’appropriant les règles du rugby). Un atout au moment de lancer, en 1985, les négociations avec le gouvernement sud-africain ségrégationniste. Richard Stengel précise qu'au préalable, il avait dû convaincre les cadres de l’ANC du bien-fondé d’entamer ces négociations. Leur expliquant ce qu’il faisait, les persuadant que Noirs et Afrikaners avaient un socle commun: l’Afrique à laquelle appartenaient les deux clans.
Cyril Ramaphosa, alors chef de l'union nationale des mineurs et secrétaire général de l’ANC, dira plus tard : «C’était une initiative incroyable. Il a pris un risque majeur.» Mais il les a convaincus. Toujours avec le sourire. Ce sourire, qui est devenu aux yeux des deux parties le symbole de son manque d’amertume.
Une fois arrivé au pouvoir, il a toujours gardé un œil sur ses amis politiques et a placé ses rivaux dans son entourage, estimant qu’ils étaient ainsi moins dangereux que seuls à la manœuvre. Il savait et répétait à l’envi que les gens agissaient dans leur propre intérêt.
Une stratégie au service de la démocratie
La vision à long terme de Mandela pour l’Afrique du Sud s’est développée en prison, durant ses vingt-sept années derrières les barreaux ou en surveillance surveillée.
Plus tard, il fera un parallèle entre sa façon de gouverner et la manière dont il conduisait, enfant, son troupeau. De cette expérience, il dira qu’il est important de diriger de l’arrière, montant au front au moment opportun avec ses «troupes». Mandela reconnaîtra également avoir pris des leçons de «leadership» auprès de Jongintaba, le chef de tribu l’ayant élevé. Ce dernier ne s'exprimait qu'après avoir reçu les hommes et les avoir écoutés les uns après les autres.
Il refusera une vision simpliste de l’apartheid, lui préférant celle d’un monde nuancé, qui a rendu possible son élection en 1994. Et, en passant la main au bout d’un mandat, Mandela restera comme un modèle de gouvernance en Afrique, où la plupart des dirigeants prennent le pouvoir et ne le lâchent plus.
Ses théories font école
Aujourd’hui, le management à la sauce Mandela est étudié jusque dans les écoles… Dans le Financial Times, Philip McLaughlin, spécialiste de l'éthique des affaires, se demande: «Si nous admirons Mandela pour son leadership altruiste, nous devons nous demander comment une telle vision humaniste peut être cultivée chez les étudiants et chefs d'entreprises.»
Quant à Peter T.Coleman, professeur de psychologie à l’université américaine de Columbia, il va jusqu'à conseiller au président américain, Barak Obama, de s'inspirer de Nelson Mandela…
Quoi qu’on en pense, la politique menée par le chef d'Etat sud-africain a fait date dans le monde entier. Une leçon de vie au service de tout un peuple, d'une Nation «Arc-en-Ciel».
Nelson Mandela, le visionnaire, fut un leader incontesté à l’éthique chevillée au corps. Son humilité naturelle, sa capacité à se remettre en question et surtout son remarquable sens tactique, travaillé pendant les 27 ans de son emprisonnement, ont contribué à sa réussite politique.
Avocat, Mandela l’a été à plus d’un titre, mais ce qui l'a le plus servi durant sa vie politique, c’est sa capacité à concevoir de multiples stratégies au service de ses combats, comme le montre Richard Stengel dans un portrait écrit en juillet 2008 pour Time Magazine (lien payant). On y apprend que l’ancien chef de l’Etat sud-africain était un politicien prudent, habile et pragmatique, qui pouvait mettre ses principes de côté, quitte à dérouter ses proches, si cela faisait avancer le débat.
Interviewé par Marc Epstein pour l’Express début 1995, Nelson Mandela avait déjà expliqué sa manière de voir les choses, affirmant que la non-négociation comme la non-violence étaient des méthodes pour arriver à un but et non un principe immuable, théorie qu'il développe dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté (1994), un livre héritage.
La réflexion au service du pays
Si Mandela, l’idéaliste pragmatique – qui n’avait qu’un seul but: renverser l’apartheid et faire voter les Noirs –, était mal à l'aise avec les concepts philosophiques, il savait les contourner pour créer le monde dont il rêvait.
Il estimait, par exemple, qu’il ne fallait pas dicter aux gens leur conduite, mais plutôt instaurer un consensus dans lequel chacun trouverait sa place. De tout temps, le leader charismatique a su convaincre et inspirer les autres, toujours avec empathie et en se mettant au diapason de ses interlocuteurs. Au final, il voulait les amener à embrasser ses idées, leur laissant croire qu'ils en avaient été porteurs eux-mêmes.
Le sens de la persuasion
Il a su séduire les Blancs en apprenant leur langue, l’afrikaans, dans les années 60 (ou en s’appropriant les règles du rugby). Un atout au moment de lancer, en 1985, les négociations avec le gouvernement sud-africain ségrégationniste. Richard Stengel précise qu'au préalable, il avait dû convaincre les cadres de l’ANC du bien-fondé d’entamer ces négociations. Leur expliquant ce qu’il faisait, les persuadant que Noirs et Afrikaners avaient un socle commun: l’Afrique à laquelle appartenaient les deux clans.
Cyril Ramaphosa, alors chef de l'union nationale des mineurs et secrétaire général de l’ANC, dira plus tard : «C’était une initiative incroyable. Il a pris un risque majeur.» Mais il les a convaincus. Toujours avec le sourire. Ce sourire, qui est devenu aux yeux des deux parties le symbole de son manque d’amertume.
Une fois arrivé au pouvoir, il a toujours gardé un œil sur ses amis politiques et a placé ses rivaux dans son entourage, estimant qu’ils étaient ainsi moins dangereux que seuls à la manœuvre. Il savait et répétait à l’envi que les gens agissaient dans leur propre intérêt.
Une stratégie au service de la démocratie
La vision à long terme de Mandela pour l’Afrique du Sud s’est développée en prison, durant ses vingt-sept années derrières les barreaux ou en surveillance surveillée.
Plus tard, il fera un parallèle entre sa façon de gouverner et la manière dont il conduisait, enfant, son troupeau. De cette expérience, il dira qu’il est important de diriger de l’arrière, montant au front au moment opportun avec ses «troupes». Mandela reconnaîtra également avoir pris des leçons de «leadership» auprès de Jongintaba, le chef de tribu l’ayant élevé. Ce dernier ne s'exprimait qu'après avoir reçu les hommes et les avoir écoutés les uns après les autres.
Il refusera une vision simpliste de l’apartheid, lui préférant celle d’un monde nuancé, qui a rendu possible son élection en 1994. Et, en passant la main au bout d’un mandat, Mandela restera comme un modèle de gouvernance en Afrique, où la plupart des dirigeants prennent le pouvoir et ne le lâchent plus.
Ses théories font école
Aujourd’hui, le management à la sauce Mandela est étudié jusque dans les écoles… Dans le Financial Times, Philip McLaughlin, spécialiste de l'éthique des affaires, se demande: «Si nous admirons Mandela pour son leadership altruiste, nous devons nous demander comment une telle vision humaniste peut être cultivée chez les étudiants et chefs d'entreprises.»
Quant à Peter T.Coleman, professeur de psychologie à l’université américaine de Columbia, il va jusqu'à conseiller au président américain, Barak Obama, de s'inspirer de Nelson Mandela…
Quoi qu’on en pense, la politique menée par le chef d'Etat sud-africain a fait date dans le monde entier. Une leçon de vie au service de tout un peuple, d'une Nation «Arc-en-Ciel».
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