Le parc national de Table Mountain en Afrique du Sud signe un accord de partenariat avec celui de La Réunion
L'objectif est de partager les connaissances sur la protection de la biodiversité et la gestion de ces parcs.
L'Agence française de développement (AFD) va apporter un soutien financier de 1,85 million d'euros dans le cadre d'un partage d'expérience entre les parcs nationaux de Table Mountain en Afrique du Sud et de l'île de la Réunion. Leurs problématiques de gestion sont en effet très proches. Les deux parcs s'étendent de la montagne à la mer et sont des lieux touristiques majeurs. Inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco, ils renferment tous deux des espèces végétales et animales rares, parfois endémiques. Le Table Mountain National Park (parc de la Montagne de la Table) recouvre 25 000 hectares, traversant une partie de la ville du Cap du Nord au Sud, jusqu'au cap de Bonne espérance. De son côté, le parc national de La Réunion est un géant de 105 000 hectares, soit un peu moins de la moitié de l'île française de l'océan Indien.
Problématiques similaires
Les deux parcs ont en commun de devoir gérer des écosystèmes particulièrement vulnérables dans un environnement en partie urbanisé, voire très urbanisé en ce qui concerne le parc sud-africain. Des lieux fragiles comme on l'a vu récemment avec l'incendie qui, le 18 avril dernier, a dévalé la Montagne de la Table, atteignant des zones habitées.
Les deux entités ne sont pas des réserves, mais des lieux ouverts au public où existe une activité économique. La gestion du flux touristique est un enjeu majeur pour le futur de ces espaces. Le parc national de Table Mountain accueille cinq millions de touristes chaque année et celui de La Réunion un million. Dans ce contexte, le partage des connaissances et des pratiques ne peut être que bénéfique.
"Les principales activités du projet comprennent l’élaboration de plans stratégiques et le partage d’outils pour la gestion des espèces envahissantes, la gestion des espèces vulnérables, la gestion des incendies et la préparation aux changements climatiques, la formation, les interventions pilotes sur le terrain, des activités de sensibilisation et des études et recherches conjointes", a expliqué Luthando Dziba, le directeur des parcs nationaux d'Afrique du Sud.
De nombreuses menaces
Les espèces endémiques présentes sont notamment menacées par la prolifération de plantes ou d'animaux importés par l'homme. Ainsi, 2 000 espèces végétales ont été introduites à La Réunion au cours de son histoire, alors que seulement 850 espèces indigènes ont été répertoriées.
Au Cap, c'est notamment la célèbre colonie de pingouins d'Afrique du site de Boulders qui est menacée, dans un contexte de disparition de l'espèce. En 50 ans sur le continent, le nombre de couples est passé de 150 000 à 26 000. Boulders n'échappe pas au phénomène qui a perdu la moitié de ses oiseaux en une vingtaine d'années. Les causes sont multiples : destruction de l'habitat, pollution marine – notamment par les hydrocarbures –, baisse des stocks de poissons en raison de la surpêche, etc.
La presse sud-africaine évoque également l'explosion du trafic de plantes indigènes au profit de collectionneurs. Cela concerne notamment des espèces de conophytum qui ne se trouvent qu'en Namibie et en Afrique du Sud. La police a ainsi arrêté 18 personnes en possession de ces plantes protégées lors de quatre opérations distinctes au cours du mois de mai dans la région du Cap.
La France en acteur majeur
Ce genre de partenariat international entre parcs n'est pas un cas unique en ce qui concerne la France. 35 des 44 parcs régionaux français sont inscrits dans une démarche de coopération internationale et 25 pays sont concernés (Maroc, Brésil, Bénin, entre autres). La fédération des parcs régionaux a même produit un vademecum pour orienter les partenariats de ce type. Les thèmes les plus fréquents, qui concernent plus de la moitié des actions en cours, sont la gestion des milieux naturels et le tourisme durable.
Depuis 2019, les deux parcs sud-africain et français sont déjà liés par un accord de coopération. Le projet prévoit également d'associer des chercheurs des universités de La Réunion et du Cap. La France veut se montrer en acteur majeur de la conservation de la biodiversité, comme l'a souligné Aurélien Lechevallier, l'ambassadeur de France en Afrique du Sud.
D'ailleurs, le parc de Table Moutain touchera les deux tiers du financement octroyé par l'Agence française de développement. Aider à protéger la biodiversité est aussi une affaire de rayonnement international.
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