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En Afrique du Sud, l’or présente bien des menaces

Les mines d’or en Afrique du Sud cumulent les problématiques. En exploitation, elles sont peu rentables et les compagnies réduisent les effectifs. Désaffectées, elles sont les repaires des gangs, et source de pollution. Quant à l’économie, les mines ont un fort impact sur le chômage, en réduisant sans cesse leurs effectifs.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un mineur illégal travaille dans une mine d'or abandonnée de Springs en Afrique du Sud. (AFP/John Wessels)

La rentabilité est la clé de voûte de la problématique. C’est d’abord ce qui a conduit à l’abandon de 6000 mines dans le pays. Filon épuisé, exploitation trop compliquée... Si les sociétés multinationales n’y trouvent plus leur bonheur, les truands y ont mis en place une exploitation parallèle, à coups d’explosifs et… de revolvers.
 
En septembre 2015, selon un chiffre donné par l’AFP, au moins 20 personnes sont mortes dans des règlements de compte entre gangs rivaux, dans la région de Johannesburg. Il y aurait entre 8000 et 30.000 mineurs illégaux selon la commission sud-africaine des droits de l’Homme. Et la main d’œuvre ne manque pas, quand les grandes compagnies minières réduisent leurs effectifs.
 
Des mineurs qui, au fond, prennent des risques et jouent avec leur vie également en surface, alternativement bourreaux et victimes. Ils sont parfois esclaves d’un gang. Les quelques grammes d’or piochés passent souvent d’une poche à l’autre sans autre forme de procès, sinon c’est la mort. Malgré l’ambiance, ils restent nombreux à tenter leur chance. 420 rands (27 euros) le gramme. C’est maigre, mais dans ce pays de chômage, c’est déjà ça.
 
En septembre 2015, le phénomène s’amplifiant, la police a mis sur pied une force spéciale pour endiguer le minage illégal.
 
Une pollution sans précédent
Ces milliers de mines laissées à l’abandon forment une bombe écologique à retardement. Quand elles ont été fermées, personne n’a voulu prendre en charge l’entretien de ces galeries devenues inutiles, les puits ont alors été engloutis. L’eau s’est chargée des produits utilisés lors de l’extraction: mercure, arsenic, etc.
 
Aujourd’hui, à certains endroits, l’eau remonte à la surface et pollue les rivières. Jeune Afrique peint un tableau effrayant des anciens sites aurifères. A Krugersdorp et Randfontein, «l’air est vicié par des poussières toxiques libérées par les terrils, le sol sillonné par des pipelines qui fuient». Ailleurs, des plans d’eau sont interdits car classés zone radioactive.
 

Moderniser la production
Ultime volet, qui est en fait le premier, l’exigence de productivité qui indirectement a fait apparaître les problèmes de criminalité et de pollution.

On l’a dit, les mines les moins rentables ont été fermées. Ailleurs, que ce soit dans l’or ou le platine, la modernisation se fait à coup de mécanisation au détriment des emplois. Les grèves à répétition, souvent violentes, pour réclamer des hausses de salaires, et enfin la chute des cours mondiaux ont convaincu les compagnies de se passer le plus possible de main d’œuvre.
 
Ainsi, la mine de platine de Booysendal, désormais ultra-moderne, emploie 1700 mineurs là où avant ils étaient 6000. Selon David Sipunzi, le Secrétaire général du syndicat national des mineurs, le nombre de salarié de cette branche est passé de 500.000 à moins de la moitié en 30 ans.

Dans un pays qui affiche un taux de chômage de 25%, la modernisation du secteur ne fait pas que des heureux.

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