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Afrique du Sud: une note diplomatique de cinq pays occidentaux sur la corruption met l'ANC en colère

Une note diplomatique, signée de cinq pays occidentaux (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas et Suisse), sur la corruption en Afrique du Sud a fortement irrité le parti ANC au pouvoir. Lequel a dénoncé, le 4 février 2018, une ingérence "impérialiste" dans ses affaires intérieures.

Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors de la célébration du 107e anniversaire de l'African National Congress (ANC), le 8 janvier 2019 à Durban. (Reuters - ROGAN WARD / X02832)

La veille, l’hebdomadaire Sunday Times avait publié sur sa première page des extraits d’un mémorandum "sans précédent" signée à Pretoria par les représentants de cinq pays qui représentent 75% des investissements étrangers dans l'économie sud-africaine. Les entreprises américaines, britanniques, allemandes, néerlandaises et suisses pèsent lourd en Afrique du Sud où elles emploient des milliers de personnes.

Les diplomates de ces cinq pays recommandent au président Cyril Ramaphosa et au gouvernement sud-africain des mesures fermes pour le rétablissement de "l'Etat de droit".

"Aucun investisseur ne s'aventurera en Afrique du Sud sans garantie sérieuse de protection de ses investissements", peut-on lire dans la note citée par l'hebdomadaire. Les ambitieux projets du président Ramaphosa "pourraient échouer si l’Afrique du Sud ne tarde pas à prendre des mesures tangibles contre ceux qui capturent l’Etat à leur profit, contre la corruption et d’autres crimes graves", poursuivait le document.

"Les puissances mondiales mettent en garde l'Afrique du Sud contre la corruption", titrait le "Sunday Times" le 3 février 2018 en révélant la note envoyée par cinq pays occidentaux aux autorités sud-africaines.  (Capture d'écran du site du "Sunday Times")

Au pouvoir depuis la démission du sulfureux Jacob Zuma il y a un an, Cyril Ramaphosa a multiplié les appels du pied aux entreprises étrangères pour relancer l'économie. Il promet la fin du "pillage de l'Etat" qui a marqué l'ère Zuma. Pour autant, la croissance du pays reste désespérément atone et les scandales de corruption continuent à éclabousser le Congrès national africain (ANC, parti fondé par Nelson Mandela) au pouvoir. Ces dernières semaines, plusieurs ministres et élus ont été mis en cause devant une commission d'enquête.

Le ministère sud-africain des Affaires étrangères a réagi quelques heures après la publication du mémo. Il s’est dit "déçu" par la note des ambassadeurs et déploré qu'elle rompe avec "les usages diplomatiques établis".

La ministre des Affaires sud-africaines, Lindiwe Sisulu, s’est, elle, entretenue le 4 février avec les représentants américain, britannique, allemand, néerlandais et suisse. A l'issue de l'entretien, ces derniers ont affirmé qu'ils n'avaient pas adressé cette lettre au chef de l'Etat et surtout qu'elle datait de juin 2018, suggérant un malentendu.

"Relations maître-esclave"

"Nous n’avons envoyé aucun document officiel à aucune entité du gouvernement sud-africain", expliquent ces représentants dans une déclaration commune. "Cette note était destinée à soutenir les demandes d'investissement de l'Afrique du Sud et à souligner notre dialogue constructif avec le gouvernement sud-africain. Nous avons fermement soutenu les efforts (du pays) pour attirer les investissements étrangers", ont-ils plaidé dans leur déclaration reproduite dans un tweet de l'ambassade des Etats-Unis à Pretoria.

Libéré d'obligations diplomatiques, l’ANC a dénoncé dans une déclaration l’ingérence des "forces impérialistes occidentales" dans les affaires du pays, rapporte le site news24.com. Le parti au pouvoir "condamne cette position moralisatrice de ces anciens colonisateurs et nous n’aimerions pas avoir à leur parler de l’histoire des relations maître-esclave".

Le parti au pouvoir accuse aussi les cinq pays ocidentaux de vouloir "influer sur le résultat des prochaines élections". Des élections générales sont prévues en mai 2019 en Afrique du Sud. L'ANC est largement favori, malgré la baisse de sa popularité et ses divisions internes.

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