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"Les règles que nous imposent les talibans varient d'une province à l'autre" : en Afghanistan, les ONG tentent de reprendre leurs actions de terrain

Depuis la prise de Kaboul par les talibans, plusieurs ONG ont suspendu leurs activités mais elles commencent à reprendre leur mission auprès de la population. Tout en s'interrogeant avec inquiétude sur les mois qui viennent.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1min
Des familles afghanes déplacées depuis la prise de pouvoir des talibans vivent sous des tentes, dans un parc à Kaboul, ci-contre le 29 août 2021.  (HAROON SABAWOON / ANADOLU AGENCY)

Parce que la moitié de la population afghane est mal nourrie, mal soignée, parce qu'elle a besoin de l'aide humanitaire, Action contre la faim reprend son travail de terrain, après dix jours de suspension. "Dans le discours, les talibans sont sur une ligne plus souple, explique le président de l’ONG, Pierre Micheletti. Un discours qui dit oui, vous pourrez continuer à mobiliser votre personnel féminin et oui, vous aurez accès sans discrimination aux femmes et aux fillettes comme aux hommes."

Mais combien de temps ces promesses tiendront-elles ? C'est l'inquiétude de Gilles Nouzies, responsable de Handicap international, qui tient un centre de rééducation à Kandahar. "Il y a une autonomie assez large des provinces, ce qui fait que les règles que nous imposent les talibans varient d'une province à l'autre", souligne-t-il.

"Des risques plus ou moins dramatiques sur la situation sanitaire"

Quant à la crainte d'être visés par un attentat, elle est moins forte aujourd'hui chez les humanitaires que la peur de voir le système de santé s'effondrer, si les bailleurs de fonds se détournent de l'Afghanistan. "On a déjà le ministère de la Santé qui nous a approchés en nous disant : 'Nous ne sommes pas sûrs demain de pouvoir continuer à faire fonctionner notre unité Covid', par exemple. Et puis, on va le voir sur la santé maternelle, sur la pédiatrie. Il y a des risques plus ou moins dramatiques sur la situation sanitaire", redoute Sophie Chateau, qui travaille pour Médecins sans frontières.

Après la Banque mondiale, plusieurs pays comme l'Allemagne et la Suède ont déjà suspendu leurs aides à l'Afghanistan.

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