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La star afghane Aryana Sayeed, accusée de «déshonorer» son pays, brûle sa robe
Pour son premier concert français, Aryana Sayeed, célèbre chanteuse et star de la télévision afghane ne s'attendait pas au débat que sa robe allait provoquer. Pourtant, en quelques heures, elle a été accusée de «déshonorer l’Afghanistan». Elle a réagi avec humour pour faire taire «cette polémique ridicule» et défendre les droits des femmes dans son pays où l'égalité des sexes est plus que fragile.
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La robe en question, manches longues, descendant jusqu’aux chevilles, ne laisse paraître aucune partie de sa peau. Mais sa couleur chair a visiblement choqué. Responsables religieux, conservateurs et spectateurs n’ont pas tardé à crier au scandale: la jeune femme était nue.
Sur les réseaux sociaux, le 13 mai 2017, la controverse a gonflé en quelques heures. Des posts sur Facebook ainsi que des tweets traduits par France 24, qualifient la chanteuse de «femme la plus indécente de l’histoire de France» et l’accusent d’avoir «déshonoré 30 millions d’Afghans avec cette robe, mais aussi 1,5 milliard de musulmans».
«Les gens pensent que c’est transparent. Mais ça, c’est leur imagination…» explique la chanteuse. Pour éteindre la polémique, Aryana Sayeed décide alors de brûler sa robe «dans l’espoir que le peuple afghan puisse se concentrer sur les vraies questions qui nous déshonorent tellement à travers le monde». Elle diffuse ce moment en direct sur Facebook, le 24 mai 2017.
Dans cette vidéo de 30 minutes, la chanteuse présente avec ironie «la pauvre petite robe qui est devenue le principal problème auquel doit faire face l’Afghanistan aujourd’hui». Elle précise ensuite qu’elle ne brûle pas sa robe à cause de «la pression de ceux qui vivent toujours dans les âges sombres» mais pour «sensibiliser davantage à des questions importantes au sein de notre société».
Le Facebook live d'Aryana Sayeed le 24 mai 2017. Elle explique dans cette vidéo les raisons qui la poussent à brûler la robe polémique.
Mais alors pourquoi toute cette affaire pour une robe? Tout d’abord, en Afghanistan où les femmes ont peu de droits économiques et où la burqa leur est souvent imposée, Aryana Sayeed apparaît comme une figure révolutionnaire uniquement par sa position.
En plus de cela, alors qu’elle était l’une des jurées de la version afghane de l’émission The Voice, la jeune femme s’est présentée à la télévision sans voile. Les talibans ont saisi l’occasion pour lancer une fatwa. «Ils ont demandé aux téléspectateurs de me décapiter en leur promettant le paradis.» a-t-elle raconté à un journaliste de Daily News and Analysis.
Avec cette histoire de robe, Aryana Sayeed a encore une fois montré sa ferveur dans la défense des droits des femmes. Mais surtout, elle a prouvé qu’elle mérite le surnom que CNN lui a donné: «La voix afghane qui ne sera pas réduite au silence».
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