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La première femme pilote d'Afghanistan demande l'asile politique aux Etats-Unis

Agée de 25 ans, Niloofar Rahmani dit craindre pour sa sécurité dans son pays natal.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La pilote Niloofar Rahmani pose sur le tarmac de l'aéroport de Kaboul (Afghanistan), le 26 avril 2015. (SHAH MARAI / AFP)

Elle est surnommée la "Top Gun afghane". Niloofar Rahmani, la première femme pilote d'Afghanistan, a annoncé, vendredi 23 décembre, qu'elle allait faire une demande d'asile politique aux Etats-Unis. Agée de 25 ans, elle devait retourner dans son pays, samedi, à l'issue d'une formation de quinze mois avec l'armée de l'air américaine. Elle a déclaré qu'elle n'en ferait rien, expliquant craindre pour sa sécurité.

Cette défection surprise lui a valu quelques soutiens, mais aussi une volée de critiques, y compris en haut lieu. "Ce qu'elle a dit aux Etats-Unis était irresponsable et inattendu, selon un porte-parole du ministère afghan de la Défense. Elle devait être un modèle pour les autres jeunes Afghans. Elle a trahi son pays. C'est une honte."

Saluée aux Etats-Unis pour son "courage"

Niloofar Rahmani avait symbolisé l'espoir pour des millions de femmes afghanes lorsqu'elle était devenue la première femme pilote d'Afghanistan, intégrant un univers exclusivement masculin dans un pays extrêmement conservateur. Elle avait reçu, à ce titre, le prix international des "femmes de courage" du département d'Etat américain.

Niloofar Rahmani lors de la remise des prix de l'International Women of Courage Award, le 6 mars 2015, à Washington (Etats-Unis). (SAMUEL CORUM / ANADOLU AGENCY / AFP)

Mais cette célébrité lui avait aussi valu de nombreuses menaces de mort de la part des insurgés. Elle aurait également fait l'objet de dédain de la part de ses collègues masculins. La jeune femme avait indiqué, en 2015, avoir constamment un pistolet sur elle pour sa protection, et ne jamais porter son uniforme en dehors de la base militaire pour éviter d'attirer l'attention.

Une décision "extrêmement difficile"

Prendre la décision de demander l'asile aux Etats-Unis a été "extrêmement difficile" pour elle, a expliqué son avocate. "Niloofar et sa famille ont reçu des menaces brutales, qui malheureusement ont confirmé que sa sécurité serait fortement compromise si elle revenait en Afghanistan, a expliqué l'avocate. La vraie trahison à l'égard de l'Afghanistan vient de ceux qui menacent sa vie et celle de sa famille, et aussi de ceux qui continuent d'opprimer les femmes."

Les forces de l'Otan présentes dans le pays ont, de leur côté, déploré que la jeune pilote ait affirmé dans la presse que la situation sécuritaire du pays s'aggravait. "Les forces de sécurité afghanes ont accompli de grands progrès, a indiqué la coalition. Leur performance en 2016 s'est améliorée par rapport à 2015 et nous nous attendons à ce qu'elle progresse encore en 2017."

Le général Radmanish, cité par le New York Times, a quant à lui vigoureusement réagi à la défection de la jeune femme. "Je suis sûr qu'elle ment en disant qu'elle a été menacée", a-t-il déclaré.

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