Cet article date de plus de deux ans.

Afghanistan : première exécution publique depuis la prise de pouvoir des talibans, Washington déplore une pratique "odieuse"

La sentence a été exécutée par le père de la victime qui a tiré à trois reprises sur le condamné avec une kalachnikov, a précisé le porte-parole des talibans.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des soldats talibans à un point de contrôle, à Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, le 19 février 2022. (BENJAMIN GUILLOT-MOUEIX / HANS LUCAS / AFP)

Les talibans ont procédé à une exécution publique pour la première fois depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan. Le condamné était accusé d'avoir assassiné en 2017 un homme, et volé sa moto ainsi qu'un téléphone portable, selon un communiqué des talibans publié mercredi 7 décembre. "La cour suprême a reçu l'ordre d'exécuter cet ordre de 'qisas' lors d'un rassemblement public d'habitants" à Farah (Ouest), a déclaré le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, faisant référence à la loi du talion qui figure dans la loi islamique.

La sentence a été exécutée par le père de la victime. Il a tiré à trois reprises sur le condamné avec une kalachnikov, a précisé le porte-parole des talibans. Les nouveaux dirigeants du pays ont assuré que l'affaire avait été examinée de manière approfondie par différents tribunaux [première instance, cour d'appel et Cour suprême], avant que leur chef suprême, Hibatullah Akhundzada, n'entérine la sentence. "Cette affaire a été examinée de manière très précise", a affirmé le porte-parole des talibans.

Hibatullah Akhundzada avait ordonné, mi-novembre, aux juges d'appliquer la stricte application de la charia, notamment les exécutions publiques, les lapidations et les flagellations, ainsi que l'amputation de membres pour les voleurs.

"Les talibans cherchent à revenir à leurs pratiques rétrogrades et violentes des années 1990"

L'ONU a exprimé sa "profonde préoccupation". "Notre position n'a jamais changé, l'ONU est opposée à la peine de mort (...). Alors nous appelons au retour au moratoire sur la peine capitale dans le pays", a précisé Stéphanie Tremblay, une porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, lors d'un point presse.

De leur côté, les Etats-Unis ont affirmé que les talibans ne tenaient pas leurs promesses envers le reste du monde après avoir procédé à cette exécution publique "odieuse" depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan.

"Cela montre, selon nous, que les talibans cherchent à revenir à leurs pratiques rétrogrades et violentes des années 1990", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, lors d'une conférence de presse.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.