Afghanistan : le désengagement de la Force internationale
Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'Otan, réunis à Chicago les 20 et 21 mai 2012, a été largement consacré au calendrier pour le transfert aux forces afghanes des missions de sécurité exercées par les troupes internationales. Les pays membres de l'organisation militaire et leurs partenaires ont confirmé la stratégie de départ établie par les Etats-Unis, véritable moteur de l'opération. L'Otan transférera aux forces afghanes la responsabilité des opérations de combat à la mi-2013, ont convenu les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Alliance.
L'Alliance atlantique a présenté comme «irréversible» le retrait des quelque 130.000 soldats de la Force internationale et de sécurité (Isaf) toujours déployés en Afghanistan, plus de dix ans après le début d'une guerre de plus en plus impopulaire dans les pays membres. Le communiqué final du sommet précise que l'Otan formera et conseillera désormais les troupes locales à partir de 2014. «Il n'y aura pas de mission de combat», soulignent les auteurs du document.
La Force internationale et de sécurité
Une cinquantaine de pays de l'Isaf sont actuellement présents en Afghanistan avec des moyens très inégaux. 90.000 des 130.000 soldats sont américains, 9.500 britanniques et 4.700 allemands tandis que la Mongolie, Tonga, l'Autriche ou le Luxembourg ont envoyé quelques dizaines de personnes. Certains pays, comme les Pays-Bas ou le Canada, n'ont plus d'unités combattantes sur place. L'Australie a récemment décidé d'accélérer le départ de ses hommes. La Nouvelle-Zélande a annoncé le retrait de ses 145 soldats pour fin 2013.
Le conflit afghan, entamé il y a plus de dix ans, pèse de plus en plus sur les opinions publiques occidentales en raison des victimes qu'il engendre - trois mille six soldats occidentaux, dont 83 Français, tués au combat en Afghanistan depuis 2001, selon le site indépendant icasualties -mais également de son coût dans un contexte de tensions budgétaires.
Après une décennie de combats, les talibans chassés du pouvoir à Kaboul n'ont pas été vaincus et l'engagement militaire n'a pas fait la preuve de son efficacité. La priorité de l'Otan est désormais de s'assurer de laisser un Afghanistan stabilisé, à défaut d'être prospère et sûr. Dans le même temps, l'armée du pays doit être en mesure de prévenir un retour des talibans au pouvoir.
Pour cela, les alliés s'engagent à poursuivre les missions de formation et de conseils, et à garantir les besoins de financement des forces de sécurité pour un coût de 4,1 milliards de dollars par an à partir de 2015. Les Etats-Unis devraient y contribuer à hauteur de plus de la moitié de cette somme et l'Etat afghan pour 500 millions. Ce qui laisse environ 1,3 milliard à se répartir entre les alliés de Washington.
Retrait français
Le président François Hollande a confirmé à Chicago sa décision de retirer fin 2012 les «forces combattantes» françaises d'Afghanistan, soit environ 18 mois avant la date fixée par le calendrier de l'Otan. Ainsi la majeure partie des 3400 soldats français déployés devrait avoir quitté d'ici sept mois ce pays où Paris est présent depuis 2001.
Sur le terrain, les troupes combattantes françaises le sont d’ores et déjà de moins de moins. Le district de Suroubi a été transféré aux forces afghanes en mars, et dans la province instable de Kapisa (à l’est de Kaboul), les Français sont retranchés dans les bases de Nijrab et Tagab, et ne mènent quasiment plus d’opérations offensives.
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