Accord sur la Syrie : la Russie maîtresse du jeu ?
L'accord signé samedi entre Washington et Moscou sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien est "un succès de la diplomatie russe ". Ce jugement d'Alexeï Pouchkov, chef de la commission des Affaires étrangères à la Douma, résume le sentiment qui domine au sein de la classe politique russe : Poutine l'a emporté sur Obama. Il est vrai que le chef du Kremlin a su se rendre incontournable, en provoquant le 9 septembre un coup de théâtre diplomatique avec sa proposition sur les armes chimiques syriennes. Ce qui a stoppé net toute velléité d'intervention militaire de la part des Etats-Unis. "Les Etats-Unis n'ont plus la possibilité de jouer le premier violon. On les a privés dans une certaine mesure de leur atout militaire " souligne Alexeï Pouchkov.
"Acte de faiblesse de la part de l'Amériqu e"
Cette analyse est partagée par deux influents sénateurs républicains américains, mais eux évidemment ne s'en réjouissent pas. "Cet accord ne fait rien pour résoudre le véritable problème en Syrie, qui est le conflit qui a causé la mort de 110 000 personnes " déplorent John McCain et Lindsey Graham dans un communiqué. "Il faut vraiment avoir perdu tout esprit critique pour voir dans cet accord autre chose que le début d'une impasse diplomatique, et l'administration Obama y est conduite par Bachar al-Assad et Vladimir Poutine " poursuivent-ils. Les deux parlementaires vont jusqu'à qualifier l'accord d"acte de faiblesse provocant de la part de l'Amérique ".
Du côté de l'administration Obama en revanche on se réjouit, le président américain salue "une étape importante ", tout en soulignant que les Etats-Unis restaient prêts à agir contre le régime syrien en cas d'échec de la diplomatie. L'accord a de plus été salué par la plupart des capitales occidentales, y compris la France. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius estime que "si la France ainsi que les USA n'avaient pas eu une attitude de fermeté, un accord n'aurait pas été trouvé ".
"Une avancée importante, mais une première étape "
Le chef de la diplomatie française met toutefois un bémol : pour lui l'accord de Genève est "une avancée importante , mais c'est une première étape ". "La France tiendra compte du rapport des inspecteurs de l'ONU publié lundi sur le massacre de Damas pour arrêter sa position " sur l'accord russo-américain, prévient-il.
La France, qui a été écartée du dernier round des négociations, veut ainsi montrer qu'elle a son mot à dire. Lundi Paris devrait reprendre un peu la main, puisque François Hollande reçoit les patrons des diplomaties américaine et britannique, John Kerry et William Hague. Mais peut-être est-ce déja trop tard...
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