A Banda Aceh, des touristes sur les traces du tsunami
"C'est un miracle si j'ai survécu. Cela me permet de raconter mon histoire aux gens comme vous. Les touristes viennent du monde entier. Ils me posent tout un tas de questions: 'Comment c'était pendant le tsunami? Comment vous en êtes-vous sorti? Est-ce que vous avez peur d'un nouveau raz-de-marée?' Ceux qui viennent sont souvent ceux qui ont fait des dons pour nous aider à reconstruire alors je suis contente de les voir. Si le monde entier ne nous avait pas aidé, on vivrait encore dans des cabanes".
Les vendeurs de souvenirs ne s'y sont pas trompés. Ils ont installé leurs petites échoppes devant un autre vestige du raz-de-marée. Cette fois, c'est une gigantesque barge qui alimentait Banda Aceh en électricité. Amarrée dans le port, elle a été propulsée 4 kilomètres à l'intérieur des terres. Sukri, qui vit à 200 kilomètres de Banda Aceh, déambule sur le pont, avec ses deux fils, de 5 et 8 ans.
"Je leur raconte ce qui s'est passé, où arrivaient les vagues, combien de gens sont morts... C'est très important qu'ils sachent car dans notre pays, il y a beaucoup de catastrophes naturelles, particulièrement dans notre région: des glissements de terrain, des tremblements de terre, des incendies de forêt. Venir ici, ça permet de sensibiliser les enfants aux risques".
En longeant le front de mer, on aperçoit plusieurs bâtiments, bien plus grands que les autres. Les touristes viennent les observer, en curieux, ils les prennent en photo. Ce sont des refuges. Ils mesurent 20 mètres de hauteur et sont destinés à accueillir les riverains, en cas de catastrophe naturelle.
"Ces bâtiments ont été construits juste après le tsunami. Ils ne s'effondreront pas en cas de tremblement de terre ou de tsunami. Il y en a 4 comme ça, en ville. Les gens qui vivent autour font régulièrement des exercices d'évacuation. Ce bâtiment peut accueillir 300 personnes, donc les premiers arrivés seront les premiers servis".
Andri, 35 ans, est l'un des guides qui emmène les visiteurs à la découverte des vestiges du tsunami. Le jeune homme, qui a toujours rêvé d'aller étudier à l'étranger, a survécu au raz-de-marée. Pendant 2 à 3 heures, il accompagne les touristes dans les rues de Banda Aceh. Des visites qui l'aident à vivre avec ses souvenirs.
"Cela fait 10 ans, et je m'en souviens encore parfaitement. C'était terrible. Pendant plusieurs années, j'ai été traumatisé. Je me réveillais en pleine nuit et je sursautais quand j'entendais des bruits, des cris qui me rappelaient le tsunami. J'ai vu les vagues et c'était incroyable. C'est le moment le plus marquant de ma vie. A chaque fois, les gens me demandent si je suis un rescapé du tsunami. Je pense que mon histoire parle à tout le monde. J'étais là et j'ai survécu ".
Dans le quartier de pêcheurs d'Uhle-Leu, dévasté par le tsunami, des stèles reposent sur un gigantesque carré d'herbe. C'est l'une des fosses communes de Banda Aceh, la deuxième plus importante de la ville. Près de 15.000 victimes y ont été ensevelies sans avoir été identifiées. Amri, 17 ans, qui a perdu ses parents dans le tsunami, vient souvent s'y recueillir.
"On m'a dit qu'il était très probable que ma mère et mon père reposent dans cette fosse commune. Cela me rend triste de venir ici mais je me sens proche de mes parents. Donc je trouve que c'est une bonne idée d'avoir créé ce lieu de recueillement".
Après le tsunami, Banda Aceh a été transformée en gigantesque terrain vague. Seule la mosquée Baiturrahman est restée debout. C'est l'un des monuments les plus visités de la ville. Fermée aux étrangers il y a dix ans, Banda Aceh mise maintenant sur le tsunami pour attirer les touristes.
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