"On aurait dit un monstre qui s’apprête à vous avaler", témoigne une rescapée française du séisme à Lombok
Claivia Merchi est toujours hospitalisée en Indonésie. Ses blessures sont trop graves pour permettre un rapatriement. Quand la terre a tremblé, un mur s’est effondré sur elle.
C'est de loin l'une des Françaises les plus gravement blessées par le séisme meurtrier qui a frappé l'île de Lombok en Indonésie le 5 août. Professeure d'espagnol dans le nord de la France, Claivia Merchi se trouvait sur la petite île touristique de Gili Trawangan, au nord-ouest de Lombok, lorsque la terre s'est mise à trembler.
La terre bouge, tremble, elle gronde
Claivia Merchiavec franceinfo
"C'est vrai que le mot 'tremblement de terre' fait peur, mais quand vous le vivez, c'est pire ! On aurait dit un monstre qui s’apprête à vous avaler. On a l'impression qu'il y a une voix, qui surgit du néant un 'vouhouhouhouhou', un bruit bizarre qui va tout avaler. C'est la sensation que ça m'a donnée."
Lorsque ce 'monstre' a surgi, cette passionnée de voyages bavardait tranquillement autour d'un plat de calamars, avec une habitante de l’île. La discussion avait lieu sur un banc, juste devant le mur de la maison de cette cuisinière indonésienne, prénommée Ameti.
"Ameti m'a prise par la main, raconte Claivia Merchi. On a sauté du banc et d'un seul coup plus rien. Et quand j'ai ouvert les yeux, j’étais sous le mur, jusqu'au niveau des hanches."
Ma main gauche était posée sur le corps d'Ameti, sur sa poitrine. J'avais compris qu'elle était morte
Claivia Merchi
Elle l’ignore encore mais l’enseignante souffre de trois fractures, au niveau du bassin, de la jambe gauche et du pied droit. Incapable de se mouvoir, elle reçoit sur place une aide salutaire. "Je repense à ce Marocain qui m’a sortie des décombres. Je repense à cet Indonésien, Bobby, qui a passé la nuit à me tenir la main. Je repense à tous ces gens qui ont joué un rôle important pour me sauver et faire en sorte que je sois toujours de ce monde."
Au lendemain du séisme, au bout de la douleur, la Française originaire de Villeneuve d’Ascq sera encore secouée tour à tour sur une charrette, un bateau puis une ambulance. Deux hôpitaux plus tard, elle est finalement transférée sur l’île voisine de Bali. Pour l’heure, il est impossible pour l’enseignante amaigrie de sortir du lit.
Claivia Merchi aspire à présent à guérir physiquement et psychologiquement. Elle sait que cela prendra du temps, elle qui est assaillie de vives douleurs et qui est toujours hantée par les images du "monstre".
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