Equateur : il survit 47 heures sous les décombres en buvant son urine
La femme de Pablo Cordova avait déjà réservé un cercueil.
"C'est un miracle." Pablo Cordova, 52 ans, est un rescapé du séisme en Equateur, qui a fait au moins 602 morts. Il a passé quarante-sept heures sous les décombres, buvant son urine et tremblant d'être broyé par la pelle mécanique qui déplaçait les gravats, pendant que sa femme réservait un cercueil.
L'homme de 52 ans faisait des travaux le week-end à l'hôtel El Gato et se trouvait au deuxième niveau lorsqu'il s'est senti pris dans "un violent tourbillon" et a perdu connaissance : "Quand j'ai repris conscience, je me trouvais sous l'un des meubles de la réception."
Urine, foi et yoga
Dans la chaleur torride de la côte Pacifique, accentuée par le fait d'être emprisonné sous des tonnes de béton, il transpirait. "Je me disais: 'Je ne peux suer ! Je perds du liquide. Je me déshydrate et je vais mourir plus vite à cause des pierres.'"
Pour pallier sa soif, une seule solution: "J'urinais, j'en récupérais un peu, m'en passais sur les lèvres et en buvais". Sa foi et le yoga lui ont aussi permis de tenir. "Dieu va m'aider", se répétait-il, en maitrisant son angoisse grâce aux techniques de respiration et de méditation apprises lors d'un cours de yoga.
"Il me restait deux barres de batterie"
C'est par un message apparu sur l'écran de son portable que Pablo Cordova a su que les secouristes allaient le tirer de là. "Ecarte-toi, nous allons forer", a lu ce menuisier, enterré vivant sous les ruines d'un hôtel de cinq niveaux à Portoviejo "Je l'ai gardé ce message", déclare-t-il. "Il me restait deux barres de batterie. Il ne fallait pas que je la gaspille. Alors quand il n'y avait pas de connexion, je l'éteignais."
L'espoir de s'en sortir est venu quand il a pu joindre quelqu'un. "J'ai commencé à appeler tous mes contacts. Mais rien ! Et puis il y a eu une dame chez qui je faisais des travaux à Esmeraldas. Là, le téléphone a sonné. Je lui ai dit: 'Madame Veronica, c'est moi, Pablo'." "Je suis coincé dans les décombres de l'hôtel. S'il vous plaît, faites quelque chose pour qu'on m'aide. Dites-leur de ne rien bouger, qu'ils arrêtent les machines, que bouger les décombres va me tuer. C'est ça qui va me tuer!", lui a-t-il expliqué.
"Quand iles sauveteurs sont arrivés jusqu'à moi, j'étais tout ému, j'ai ressenti une joie infinie", raconte-t-il. "Ils ont agrandi un trou. Celui qui m'a fait passer une bouteille d'eau, je lui ai attrapé la main. J'ai commencé à pleurer." Et de poursuivre : "Ils m'ont attrapé par les bras, les mains, par toutes les parties de mon corps et ils m'ont sorti."
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