: Vidéo Sécheresse : "Cash Investigation" révèle le jeu trouble de certains experts d’assurance dans les dossiers de maisons fissurées
Un ancien expert de compagnies d’assurance explique pourquoi il est si difficile pour les assurés de se faire indemniser dans les dossiers concernant des maisons fissurées par la sécheresse… Extrait de "Sécheresses, inondations : qui va payer la facture ?", une enquête de Mathieu Robert, diffusée jeudi 15 septembre 2022 à 21h10 sur France 2.
Un expert n’est pas là pour défendre les sinistrés mais la compagnie d’assurance qui le mandate, selon Jean-Marc Dewitte qui a travaillé pour le compte de compagnies d’assurance pendant sept ans… avant de claquer la porte : "Quand on reçoit un expert à son domicile, on attend de lui qu'il soit impartial, précis, objectif… pas qu'il nous pose des questions pièges. Un expert d’assurance est salarié par une société d’expertise qui répond à la demande d’un assureur. Ce n’est pas un expert indépendant. J'ai quitté ce milieu parce qu’on me demandait souvent, trop souvent, de modifier mes rapports ou de changer la nature exacte des causes à l'origine des sinistres", confie-t-il au magazine "Cash Investigation" (replay).
Cette pression a, selon lui, des conséquences directes pour les sinistrés. C’est d’ailleurs ce que "Cash" a découvert lors de ses visites. Les experts qui ont été filmés en caméra cachée rendent un avis négatif dans la majorité des dossiers liés à la sécheresse : "En fait, on a 70% des dossiers qui ne sont pas 'sécheresse'..." ; "En gros, il y a 60 % des dossiers qui sont refermés" ; "Le ratio, c’est 80% 'non-sécheresse' et 20% 'sécheresse'." La majorité des sinistrés ne vont pas être indemnisés… ils sont tous d'accord là-dessus. Jean-Marc Dewitte a-t-il observé ce ratio ? "Oui, et c'est bien plus. Cela peut dépasser 90%…" affirme-t-il.
Un expert est rémunéré à la mission et tant qu’un dossier reste ouvert, il n’est pas payé
Ce chiffre est difficile à vérifier mais la Cour des comptes a tenté sa propre estimation. Pour Annie Podeur, présidente de la 2e chambre de la Cour des comptes, "la reconnaissance d'un état de catastrophe naturelle ne garantit pas l'indemnisation puisque, finalement, il faut faire le lien entre les dégâts et l'état de catastrophe. Les assurances rechignent".
"Les experts, évidemment, jouent la partie de l'assurance et on peut aujourd'hui estimer à plus de 50% la part des dossiers d'indemnisation qui ne donnent pas lieu à indemnisation, précise-t-elle, donc, là aussi, c'est source d’incompréhension." Une majorité des dossiers est ainsi écartée. Selon Jean-Marc Dewitte, la raison est pécuniaire : un expert est rémunéré à la mission et tant qu’un dossier reste ouvert, il n’est pas payé.
"Sécheresses, inondations : qui va payer la facture ?", une enquête de Mathieu Robert, diffusée jeudi 15 septembre 2022 à 21h10 sur France 2.
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