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Sécheresse : coup dur pour les forêts qui souffrent déjà "des conséquences de la grosse sécheresse" de 2018

Le chef du département de la santé des forêts, une antenne du ministère, était invité de franceinfo, alors que 61 départements sont en alerte à la sécheresse.

Article rédigé par franceinfo
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Un champ de maïs en bordure de forêt, déjà touchée par l'épisode de sécheresse de 2018. (THIERRY GACHON / MAXPPP)

61 départements sont en alerte à la sécheresse et soumis à des restrictions d'eau. Les forêts souffrent aussi du manque d’eau, dans les Vosges ou dans la Creuse par exemple. "On a les conséquences de la grosse sécheresse qui a eu lieu en 2018", a expliqué Frédéric Delport, chef du département de la santé des forêts au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, mardi 16 juillet sur franceinfo, ajoutant que "les arbres réagissent avec un laps de temps"

franceinfo : Est-ce que la situation dans la Creuse se retrouve ailleurs, en France, en ce début d’été ?

Frédéric Delport : Oui, tout à fait. Surtout qu’on a les conséquences de la grosse sécheresse qui a eu lieu en 2018. Les arbres réagissent avec un laps de temps. On s’attendait cette année à voir ce qu’on voit dans les forêts. Les régions les plus touchées sont dans le quart Grand-Est de la France, et tout ce qui est Auvergne et sud des Alpes. Je rappelle que 2018 était l’année la plus chaude jamais enregistrée par Météo France depuis 1900. L’été a été le plus chaud depuis 2003 et il n’y a quasiment eu aucune précipitation dans certaines zones. 

Quelles sont les essences les plus vulnérables ?

L’essence qui a été impactée la première, c’est l’épicéa à cause de la prolifération d’insectes ravageurs qui s’appellent des scolytes. Ce qu’on voit cette année, avec un an de décalage, ce sont aussi des dégâts sur les sapins, sur les pins et sur le hêtre qui est un feuillu. Ces arbres sont touchés soit par le manque d’eau directement, soit par les attaques d’insectes. En fait, les arbres affaiblis sont attaqués plus facilement par les insectes, et les insectes prolifèrent plus parce qu’il fait chaud.

Qu’est-ce qu’on peut faire face à ça, au court et long terme ?

On n’arrose pas les forêts, on ne les traite pas non plus avec des pesticides, donc la seule possibilité c’est de couper les arbres malades quand l’hiver sera venu pour certaines espèces. Quand il y a des insectes, cela évite qu’ils se développent trop. Les arbres ont une grande diversité génétique, donc tous ne meurent pas dans une parcelle, et on repart avec les essences qui résistent pour reconstituer une forêt. Au long terme, ça va demander aux forestiers de s’adapter à ces à-coups climatiques et de choisir vraiment des essences qui sont bien adaptées aux endroits où on va les planter, de faire des analyses de sol, des analyses de station forestières, c’est-à-dire du microclimat, analyser les quantités d’eau qui tombent, la qualité du sol pour ne pas implanter des espèces dans des zones où elles risquent de mourir si une sécheresse se passe.

Est-ce qu’on est à l’aube d’un changement dans les forêts françaises ?

Oui, je pense qu’on verra un changement dans la composition en essences.On va diversifier les essences utilisées et ça va être le travail du forestier, d’accompagner la migration des essences vers le Nord au fur et à mesure que le climat va se réchauffer et qu’on aura de plus en plus d’à-coups climatiques. Il y a beaucoup de travail de recherche sur la question des disparitions d’espèces, il y a des essences qui vont certainement régresser mais il y a énormément d’incertitudes sur le fait qu’elles vont complètement disparaître.

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