Cet article date de plus de six ans.

"Dans la maison, je me balade avec des couettes" : la précarité énergétique infernale par temps de grand froid

La vague de froid qui s'abat sur la France complique encore davantage le quotidien des habitants qui n'ont pas les moyens de payer le chauffage, d'autant plus quand leurs logements sont de vrais courants d'air.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Selon la fondation Abbé Pierre, en 2017, près d'un ménage sur cinq est en situation de précarité énergétique (illustration). (MAXPPP)

Le froid intense qui s'abat sur une grande partie de l'Hexagone pénalise les habitants confrontés à la précarité énergétique. Selon la Fondation Abbé-Pierre, 12 millions d'individus, soit près d'un ménage sur cinq, sont concernés par la difficulté à se chauffer. En cause, des revenus trop justes pour payer les factures, auxquels s'ajoute le manque d'isolation des logements. C'est là que vit une famille de Créteil dans le Val-de-Marne. 

Un mois de salaire dans la facture électrique 

Dans le salon de sa petite maison située au fond d'un jardin sans éclairage, Caroline, en manteau, est habillée comme pour sortir, mais ce n'est pas le cas. Elle a pris l'habitude de se couvrir.

À la maison, j’ai toujours deux pulls. Cela permet de réduire un peu les dépenses.

Caroline, à Créteil (Val-de-Marne)

à franceinfo

Alors qu'il fait 18 degrés dans son salon, elle ne pousse pas le chauffage. "Si je monte plus la température, la facture sera beaucoup plus lourde et je n’ai pas l’argent pour payer le chauffage", indique Caroline. Cette informaticienne a fait le calcul : les dépenses en électricité représentent plus de 2 000 euros par an. Le montant correspond à un mois de son salaire. "J’ai trois enfants, ils font des études et je suis seule", explique-t-elle.

Du bricolage et une vie à l'économie 

À défaut d'augmenter le thermostat du chauffage, cette mère de famille bricole les vitrages. "Je mets une plaque de bois entre deux couches de plexiglas pour que le froid ne passe pas", dit Caroline, montrant une fenêtre. Et ce n'est pas la seule, condamnée par cette protection. Elle désigne aussi un objet sur la table basse : "un système de chauffage d’appoint avec des bougies." Caroline l'a fabriqué à partir de bougies chauffe-plats dans une assiette creuse. Elle y ajoute une grille sur laquelle elle pose "des pots pour les plantes, avec des trous". Deux de ses filles s'organisent également pour éviter le froid, sachant qu'il faut faire attention aux factures.

Il y a des chauffages électriques, mais on ne les laisse pas longtemps, parce que cela coûte trop cher.

Une des filles de Caroline

à franceinfo

Sous la couette, elles dorment avec plusieurs couches de vêtements. "Une veste et un col roulé", dit l’une, qui "se balade avec des couettes dans la maison" quand il faut redescendre à la cuisine. 

Des travaux hors de portée

Si la facture d'électricité explose chez Caroline, c'est à cause de la mauvaise isolation de sa maison construite en 1900. C'est à l'étage que c'est le plus visible. "La maison s’écarte en V et c’est un gros problème que je ne sais pas comment résoudre. La fissure va de la toiture jusqu’en bas et l’air passe", indique la propriétaire. Elle a monté un dossier de subventions avec l'Agence nationale de l'habitat. Un professionnel lui a proposé d'isoler sa maison avec du polystyrène, mais le devis le moins cher atteint 20 000 euros. Alors Caroline, accompagnée par l'association d'auto-réhabilitation "Les compagnons bâtisseurs", économise pour pouvoir payer des travaux de rénovation à sa portée, en espérant avoir moins froid l'hiver prochain. 

En novembre dernier, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a annoncé un plan de 14 milliards d’euros sur cinq ans pour la rénovation énergétique des bâtiments qui doit concerner 500 000 logements.  

La précarité énergétique infernale en cette période de grand froid : un reportage à Créteil (Val-de-Marne) de Sandrine Etoa-Andegue
 

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