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Sécurité, bruit et pollution : ça change quoi de passer à 70 km/h sur le périphérique ?

Les automobilistes lyonnais ne roulent plus qu’à 70 km/h sur le périphérique. Une mesure déjà testée par plusieurs villes, avec un bilan contrasté.

Article rédigé par franceinfo
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Un panneau de limitation de vitesse à 70 km/h sur le périphérique parisien en janvier 2014 (PFG/SIPA)

Pas plus de 70 km/h. Depuis lundi 29 avril, les automobilistes du périphérique lyonnais expérimentent la réduction de vitesse sur la rocade de Lyon. David Kimelfeld, le président de la métropole de Lyon, a promis un bilan à la fin de l’année. Cette expérience a déjà été tentée dans d’autres grandes villes françaises, avec plus ou moins de réussite. Quel bilan en tirer ? Est-ce que cela porte ses fruits en matière de pollution ou de sécurité ? Franceinfo apporte des éléments de réponse.

Dans quelles villes ce dispositif a-t-il été mis en place ? 

Avant la métropole lyonnaise, Paris, Lille et Rennes ont testé l'abaissement de la vitesse à 70 km/h. Dans la capitale, cela a ainsi été essayé sur le périphérique dès 2014 après un décret signé par Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur. La vitesse est passée de 80 à 70 km/h et elle est restée appliquée depuis. A Rennes, la baisse de 20 km/h sur la rocade a été testée pendant un an, d'octobre 2015 à octobre 2016. Mais la vitesse a finalement été relevée à 90 km/h à l'issue de cette expérimentation.

Plus récemment, à Lille, une des villes les plus touchées par la pollution aux particules fines, la maire Martine Aubry a proposé de passer également de 90 km/h à 70 km/h. Depuis début février, l’expérience est en cours sur un tronçon de 7 km du périphérique. L’expérimentation durera entre 18 et 20 mois, "le temps nécessaire pour nous permettre de mesurer l'efficacité sous trois points de vue : fluidité du trafic, pollution de l'air, pollution sonore", selon Michel Lalande, préfet du Nord et des Hauts-de-France. Un bilan attendu car, d'après les dernières expériences, les résultats ne permettent pas de déterminer clairement l'impact d'une telle mesure.

Quel effet sur la pollution de l'air ? 

A Paris, l'impact sur la qualité de l’air n’a pas pu être mis en évidence, en l'absence de données sur le sujet. La mairie de Paris espérait une réduction de 5% des polluants atmosphériques au moment où la mesure est entrée en vigueur, rappelait Le Parisien. Mais aucun bilan n'a pu confirmer cette baisse. Toutefois, la mairie de Paris et la préfecture de police assuraient au Monde, un an après le début de l'expérimentation, en janvier 2015, qu'il "est reconnu que la baisse de la vitesse et la fluidification du trafic ont un impact positif mécanique sur les émissions de polluants". Un enthousiasme à relativiser, pour Airparif : selon Pierre Pernot, contacté par franceinfo, "il y a plusieurs facteurs qui influencent la qualité de l'air et la réduction de la vitesse à 70 km/h est un élément parmi d'autres. Il faut rappeler que l'élément majeur, c'est le type de véhicule qui circule", insiste-t-il. Malgré l'absence de données, Paris a décidé de maintenir la vitesse à 70 km/h.

Côté rennais, les résultats de l'expérimentation ne permettent pas non plus d’affirmer que cette baisse a eu un impact significatif sur l'ensemble des axes concernés en matière de niveau de dioxyde d'azote (NO2). Dans son rapport final [PDF] livré en novembre 2016, Air Breizh, l'association chargée de la qualité de l'air en Bretagne, conclut à une amélioration sur une partie du tronçon testé, en l'occurrence la rocade nord. Elle évoque une "baisse de la concentration en dioxyde d’azote variant de 19% à 74% pour la partie nord, où la vitesse était autrefois limitée à 110". Selon le document, cette diminution des niveaux de concentration "peut être liée à la réduction de la vitesse, les autres facteurs externes identifiés étant semblables."

Mais l'association n'a pas observé les mêmes conclusions dans la partie sud de la rocade. "On oscille entre -37% et +35%, ce qui ne permet pas de dégager de tendance", analyse le document. Ainsi, "aucune tendance ne se dégage entre les niveaux de concentrations en dioxyde d’azote entre 2015 et 2016".  Du côté des particules fines (PM10), les résultats ne sont pas non plus très probants. En effet, dans le cas de Rennes, l'étude a été menée en été et uniquement sur le tronçon sud de la rocade. La synthèse ne permet donc pas de dégager de tendance. "Les évolutions moyennes sur l’ensemble des couples sont négligeables : -1 µg/m3 pour les médianes et les moyennes journalières", précise le rapport. 

Quel impact sur la réduction du bruit ? 

Là encore, les résultats sont contrastés et varient selon les villes. A Rennes, aucune tendance sur l’évolution du niveau du bruit n'a été constatée après le passage à 70 km/h. "Sur les cinq sites d’enregistrement, les variations sont situées entre -1 et +1 décibel", précise le rapport [PDF] de la préfecture de région, du département d'Ille-et-Villaine et de la métropole de Rennes. "Il s’agit d’écarts qui ne sont quasiment pas perceptibles et qui se situent à des valeurs inférieures à l’incertitude des mesures", conclut le document.

A Paris, où près de 100 000 riverains vivent près du périphérique, le niveau sonore en journée a diminué de 0,5 décibel le jour et de 1,2 décibel la nuit après la baisse de vitesse, selon le bilan donné par la Mairie de Paris, Bruitparif et la préfecture de Paris en janvier 2015. C'est notamment dû à la réduction des bruits de freinage et d'accélération le jour, et des bruits de roulement la nuit, détaillait Le MondeConcernant Lyon, la réduction sonore pourrait soulager près de 30 000 riverains qui habitent aux abords du périphérique, à Bron ou Villeurbanne.

Qu'en est-il de la sécurité ?

La mairie de Paris a tiré "un bilan très positif" en matière de sécurité routière pour 2014, première année du passage à 70 km/h. Ainsi, le nombre d’accidents a diminué de 15,5% en 2014 par rapport à 2013, pour s’établir "à son plus bas niveau depuis dix ans", selon les calculs de la mairie de Paris et de la préfecture. Le nombre de morts a augmenté cette année-là, passant de quatre à sept, mais le nombre de blessés a chuté à 776, contre 908 l'année précédente.

A Rennes, la réduction de la vitesse maximale sur le périphérique à 70 km/h n'a pas été probante en matière de sécurité routière. On relève même une légère tendance à la hausse. Toutefois, l'étude finale (PDF) publiée par la préfecture a porté sur sept mois seulement, compte tenu du "décalage pour obtenir les données de l'accidentalité corporelle". Le rapport dénombre 28 accidents avant la période étudiée contre 33 après et le nombre de blessés est passé de 38 à 43. " Le changement des limitations de vitesse a été, pour l’instant, sans incidence sur l’accidentalité et en particulier n’a pas apporté d’amélioration en ce qui concerne les accidents corporels. La rocade demeure une route peu accidentogène au regard du trafic", précise le rapport.

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