Pollution : "Avec des températures plus fraîches, la situation serait pire"
Francetv info a interrogé Frédéric Mahé, ingénieur prévisionniste à Airparif, pour décrypter l'épisode de pollution observé en Île-de-France.
Des quintes de toux en Île-de-France, en Picardie, en Normandie et dans le Nord-Pas-de-Calais. Un nouvel épisode de pollution aux particules fines a été observé, mercredi 8 avril, dans plusieurs parties du nord de la France. En région parisienne, alors que l'organisme de surveillance de la qualité de l'air Airparif a prévu un nouveau franchissement du seuil d'information - au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé des personnes sensibles - pour jeudi, la préfecture de police a annoncé une réduction de la vitesse maximale autorisée sur les routes.
Pour mieux comprendre ce nouvel épisode, francetv info a interrogé Frédéric Mahé, ingénieur prévisionniste à Airparif.
Francetv info : Faut-il s'attendre à une persistance du phénomène de pollution ces prochains jours en Île-de-France ?
Frédéric Mahé : La journée de jeudi s'annonce identique à celle de mercredi, avec un indice élevé de 78/100. Du fait de l'air vicié qui s'est accumulé mercredi et qui va se maintenir pendant la nuit, la journée va débuter avec des niveaux plus importants que 24 heures plus tôt. Un pic sera atteint dans la matinée, puis les niveaux baisseront dans l'après-midi, avant de remonter dans la soirée.
Il est plus difficile de se prononcer sur la journée de vendredi. Une dépression est annoncée par Météo France, avec des vents venus du Sud-Ouest, qui vont permettre de renouveler l'air. Pour l'instant, les masses d'air viennent de l'Est/Nord-Est, c'est-à-dire de régions industrialisées. Ce sont des vents continentaux chargés en pollution. L'amélioration de la situation dès vendredi dépendra de l'heure d'arrivée de cette dépression. Dans tous les cas, on ne devrait pas atteindre le seuil d'alerte, et le week-end devrait être meilleur.
Comment explique-t-on la variation des niveaux de pollution dans la journée ?
Cela s'explique par le phénomène d'inversion des températures. Du fait de l'anticyclone et des vents faibles, un couvercle d'air chaud se forme dans le ciel, retenant la pollution. Pendant la nuit, il fait plus frais au sol, ce qui fait descendre ce couvercle assez bas. Le matin, le nuage de pollution s'étend jusqu'à 150 mètres d'altitude. Puis, avec les rayons du soleil, le sol se réchauffe et cela fait remonter le couvercle jusqu'à 1 500 mètres. Résultat : la situation est meilleure l'après-midi, parce que l'air vicié est davantage dilué.
Lors des pics de mars, le nuage était plus important car il faisait moins chaud et donc le couvercle restait assez bas toute la journée. On peut donc remercier les températures élevées cette semaine, sans lesquelles la situation serait pire.
Constate-t-on une dégradation de la qualité de l'air ces dernières années ?
Il y a plus de pics de pollution, mais cela est dû à la modification des seuils. Il y a quelques années, le niveau d'information était déclenché au-delà d'une concentration de 85 microgrammes de particules PM10 par mètre cube, et le niveau d'alerte était au-delà de 125 microgrammes de particules PM10 par mètre cube. Aujourd'hui, ces seuils sont de 50 et 80. Mercredi, les niveaux étaient plus proches de 50 que de 80.
D'une manière générale, la qualité de l'air s'est améliorée depuis dix ans. Cela s'explique par la baisse des émissions de polluants, aussi bien dans l'industrie, avec des normes plus sévères, que dans le trafic routier, avec des véhicules plus propres. Il reste tout de même du chemin à parcourir.
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