Circulation différenciée : "On pénalise des personnes qui n’ont souvent pas d’autre choix"
Yves Carra, porte-parole de l'Automobile Club Association, réagit mecredi sur franceinfo à la mise en place de la circulation différenciée à Paris, en petite couronne et dans une partie de la métropole lilloise.
"La voiture est en partie responsable, mais interdire [les véhicules qui portent une vignette] Crit’Air 4 et 5 on est contre, car on pénalise des personnes qui n’ont souvent pas d’autre choix", réagit sur franceinfo Yves Carra, porte-parole de l'Automobile Club Association à la mise en place de la circulation différenciée mercredi 27 février à Paris, en petite couronne et dans une partie de la métropole lilloise.
franceinfo : Etes-vous favorable à ce genre de mesures ?
Yves Carra : On voit déjà que sur la région lilloise, il y a des dizaines de pics de pollution chaque année. Les voitures polluent-elles plus sur Lille ? Pas du tout. Le grand nuage de pollution vient de Belgique et d’Allemagne, et s’étend sur Lille et la métropole. Donc interdire les Crit’Air 4 et 5 sur Lille, c’est comme vouloir vider une piscine avec un dé à coudre. Ce n’est pas que la faute des voitures. C’est un petit peu la faute des voitures, un peu moins de 1%, surtout quand on parle de particules fines.
Et la circulation différenciée à Paris, êtes-vous pour ?
En ce qui concerne Paris, les automobilistes ont fait déjà beaucoup : on roule à 20 km/h en dessous de la limitation de vitesse, enfin pas tout le monde, certains ministres en sont dispensés parce qu’ils ont le droit d’être pressés [allusion à la voiture de la secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, flashée jeudi dernier à 150 km/h alors que la vitesse était limitée à 110 km/h en raison d'un pic de pollution]. On a le stationnement résidentiel gratuit, ce qui prouve implicitement ce qu’on dit depuis très longtemps : favorisez le parking gratuit et il y aura moins de pollution. Et on voit bien que sur Paris il y a moitié moins de voitures parce qu’on est en période de vacances. Donc il y a moins de voitures, on peut se garer, on roule moins vite et il y a quand même de la pollution. La voiture est en partie responsable, mais interdire le Crit’Air 4 et 5 on est contre, car on pénalise des personnes qui n’ont souvent pas d’autre choix.
Selon Airparif, la circulation différenciée permettrait de faire baisser de 32% les émissions de dioxyde d’azote…
On est au conditionnel, c’est au doigt mouillé. En plus c’est intéressant parce qu’ils parlent de dioxyde d’azote. C’est très important de savoir de quoi on parle : il y a le CO2, l’oxyde d’azote et les particules fines. Les particules fines, on vit dedans. Moi je vis dans Paris, et chez nous, dans les couloirs du métro, il y en a beaucoup plus que sur les trottoirs : donc ce n’est pas qu’un problème de voitures.
Il faut taper sur quoi, les entreprises, les industries qui polluent ?
Il ne faut pas taper, il faut motiver. Il faut motiver les gens à prendre les transports en commun. Valérie Pécresse la présidente de la région Ile-de-France a mis en place le ticket à la journée, 3,80 euros pour circuler dans les transports en commun lors des épisodes de pollution, c’est une très bonne chose. Rouler moins vite pourquoi pas, encore faut-il savoir rouler moins vite, parce qu’on peut polluer plus en roulant 20 km/h en dessous de la limitation : c’est l’éco-conduite. Et puis le stationnement gratuit, c’est très bien. Interdire les personnes qui n’ont peut-être pas d’autre choix que de prendre leur voiture, c’est peut-être motiver des personnes à mettre les gilets jaunes et à aller sur les ronds-points dans quelques temps.
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