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Hérault : près de Lodève, un paysage de vignes inondées et d'oliviers déracinés après les intempéries

Les orages, suivis d'une crue, ont durement touché ce secteur, dans le nord du département, ce week-end. Les champs aux alentours ne sont pas épargnés. Francetv info l'a constaté sur place.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des vignes détruites par les inondations au Puech (Hérault), le 15 septembre 2015. (VIOLAINE JAUSSENT / FRANCETV INFO)

"Ça me fait mal au ventre." Jérôme Brol est abattu. Il est viticulteur depuis quinze ans. Il représente la quatrième génération d'une famille qui passe sa vie dans les vignes. Au Puech (Hérault), un village situé près de Lodève, elles poussent dans une terre rouge. C'est la ruffe, qui tire sa couleur d'une roche riche en oxydes de fer. Elle donne aux murs des maisons anciennes une couleur bordeaux, presque lie-de-vin. Mardi 15 septembre, cette terre est jonchée de raisins violets, ronds et bien mûrs, au milieu des feuilles vertes. Les pieds de vigne sont couchés, après les terribles intempéries de la nuit du 12 au 13 septembre.

Jérôme Brol a perdu 80 tonnes de raisin. Soit un quart de sa production. La coupable, c'est la crue. "Deux cours d'eau se sont rejoints là, devant ma maison", explique cet homme grand et robuste, au crâne dégarni. Le rez-de-chaussée de la bâtisse a été inondé samedi après de violents orages. Le niveau est monté jusqu'à 1,96 m. Par chance, seule la partie haute est habitée. "Sinon, on serait tous morts noyés", commente Jérôme Brol.

"Les meilleures vignes sont parties"

Sa maison est construite au milieu de ses vignes. De sa terrasse, il observe le spectacle de désolation. L'arrière de sa voiture, encore embourbée, apparaît derrière lui. "J'ai d'autres vignes plus loin, mais je ne suis pas encore allé les voir. Je ne suis pas prêt psychologiquement. Le meilleur est parti. Les vignes en bord de rivière sont les plus rentables", regrette-t-il.

Jérôme Brol, viticulteur au Puech (Hérault), devant sa voiture embourbée et ses vignes ravagées par la crue du samedi 12 septembre. (VIOLAINE JAUSSENT / FRANCETV INFO)

Jérôme Brol ne sait pas encore s'il va terminer les vendanges. Il s'attelle d'abord à nettoyer ses champs, puis à redresser les pieds de vigne. "Parce que je vendange à la machine, donc je dois pouvoir passer entre les rangs. Vendanger à la main serait une solution, mais ce serait un travail de Romain, estime-t-il. On ne sait pas comment s'y prendre. Les anciens viticulteurs n'ont pas de conseil, ils n'ont jamais vu cela."

Perdre en partie une récolte est difficile, mais le plus dur est à venir, selon lui. "Il faut du temps pour replanter. Donc plusieurs années sans pouvoir compter sur la production de ces vignes." "Heureusement, un élan de solidarité se crée. Les autres viticulteurs pourront m'aider une fois qu'ils auront terminé leurs vendanges", espère-t-il.

Un champ d'oliviers décimé

Les dégâts existent, mais ne sont pas tous catastrophiques dans les vignes du Lodévois. "La terre s'est affaissée dans certains champs de vignes. Mais il n'a pas grêlé, donc les grains de raisin sont épargnés. Les vendanges suivent leur cours", constate mardi Frédéric Roig, député-maire de Pégairolles-de-l'Escalette. Les viticulteurs se dépêchent : le raisin ne doit pas pourrir.

A Saint-Etienne-de-Gourgas, sur la route des Cévennes, le couple Bousquet produit du jus de raisin. Ce mardi matin, il vendangeait à la main, comme prévu. En revanche, il a eu moins de chance avec ses oliviers, qu'il cultive en fermage. L'eau a emporté 150 arbres. Il n'y a plus que des cailloux, des troncs arrachés et quelques touffes d'herbe. Difficile d'imaginer les rangées d'arbres alignés. Quelques branches chargées de lucques, les olives de table vertes et allongées, apparaissent ça et là en bord de rivière.

Un champ d'oliviers détruit par les inondations à Lodève (Hérault), le 15 septembre 2015. (VIOLAINE JAUSSENT / FRANCETV INFO)

L'oléiculture est répandue dans cette partie de l'Hérault. Plusieurs pépinières sont affectées. "On va essayer d'en ramasser par terre, pour éviter de tout perdre. C'était le moment de la récolte", se désole madame Bousquet. Sa voix tremble. Elle contient son émotion. Gantée et sécateur en main, elle retourne couper les grappes de raisin.

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