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AVANT/APRES. Dans le Var, l'urbanisation galopante aggrave les dégâts causés par les inondations

Franceinfo remonte le temps pour vous montrer l'étendue de cette bétonisation dans le département, qui imperméabilise les sols et empêche l'eau d'être naturellement absorbée par la terre. 

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La ville de Saint-Raphaël dans le Var en 1955 et en 2017. (IGN)

Deux vagues d'inondations en une dizaine de jours. Le Var, dans le sud-est de la France, doit faire face à des catastrophes naturelles à répétition depuis fin novembre. Et les conséquences sont dramatiques : douze personnes ont perdu la vie et de nombreuses maisons ont été ravagées. Face à ces dégâts considérables, certains pointent du doigt une cause principale : l'urbanisation sans borne et la bétonisation du département, le long de la côte et des cours d'eau. Il faut dire qu'en soixante ans, la population du département a plus que doublé, passant de 413 000 habitants en 1954 à plus d'un milllion en 2016.

"On construit beaucoup. Donc forcément, on a des inondations qu'on n'aurait peut-être pas eues il y a une dizaine d'années, parce qu'il n'y avait pas de constructions à ces endroits-là, détaille Paul Marquis, prévisionniste à Météo 13, auprès de France 3On passe d'une sécheresse à de très fortes pluies, on a donc des phénomènes qui vont être aggravés sur le ruissellement urbain notamment". L'urbanisation imperméabilise les sols et empêche l'eau d'être naturellement absorbée par la terre. Franceinfo remonte le temps pour vous montrer l'étendue des constructions dans le Var.

A Roquebrune-sur-Argens, le fleuve est bouché (et déborde)

Deux crues en quelques jours. C'est ce que viennent de vivre les habitants de Roquebrune-sur-Argens. Tous les yeux sont rivés sur le fleuve, l'Argens, qui a ravagé de nombreuses maisons en sortant de son lit. Un risque accentué par la proximité de plus en plus importante des habitations avec le cours d'eau. Autre problème : "Ce que l'on souhaite aussi, c'est qu'enfin on s'occupe de ce fleuve. Il a besoin d'être nettoyé !", pointe du doigt Antonius Jacobs, conseiller municipal de Roquebrune. Des détritus bouchent en effet le fleuve, accentuant son débordement à chaque épisode pluvieux. 

A La Garde, la population a quintuplé en soixante ans

Une explosion démographique. Le village de La Garde, 5 000 âmes en 1955, est devenue une ville de plus de 25 000 habitants en l'espace de soixante ans. Cette croissance éclair s'est aussi accompagnée d'un développement urbain express, notamment le long de la côte.

A Saint-Raphaël, des nouveaux lotissements à perte de vue

Des maisons, des piscines, des routes, des ports... A Saint-Raphaël, la nature a peu à peu laissé place à des lotissements géants, le long de la côte méditerranéenne. Un phénomène qui accentue les risques lors des épisodes de fortes pluies, comme celui du 1er décembre.

A Fréjus, les habitations se rapprochent de la côte

A Fréjus, les autorités ont opté pour la prévention lors du dernier épisode d'inondations. Dimanche 1er décembre, plusieurs zones de la ville ont ainsi été évacuées : la subdivision des Floralies, les Passes du Colombier, du Verger des Arènes, du Verger Sainte-Croix et du Quarter Montourey. La raison ? Le risque que représentait le torrent du Reyran. La ville a gagné du terrain ces dernières années, comme au niveau de la station balnéaire de Saint-Aygulf.

La bétonisation de la commune s'est aussi développée dans le centre-ville, avec la construction d'un port près de Fréjus plage.

A La Londe-les-Maures, des habitations jouxtent la rivière du Maravenne

Cette fois, La Londe-Les-Maures a été plutôt épargnée par les intempéries. Mais ce répit pourrait être de courte durée. En 2015, la chambre régionale des comptes (CRC) Paca avait épinglé la politique d'urbanisation de la commune. En cause : des constructions dans la zone à proximité du Maravenne, un petit fleuve côtier, comme le rapporte France 3. Quatre ans plus tard, le maire de la commune dénonce "des démarches trop contraignantes" pour réaliser des travaux de protection.

A Hyères, on paye "les décisions des années 1970 à 1990"

Les inondations ont (encore) créé des situations de détresse à Hyères. Dimanche 1er décembre, deux personnes de la commune ont été secourues par les pompiers, selon France Bleu. La commune a connu une urbanisation galopante depuis quelques décennies, notamment autour de la plage de La Capte, autrefois préservée de la bétonisation.

"Nous payons aujourd'hui les décisions des années 1970 à 1990, avec un étalement urbain et des extensions et artificialisations des sols à outrance", explique Julien Meyrignac, directeur du groupe Citadia spécialisé dans l'urbanisme, dans Var Matin. "Il ne faut plus jouer aux apprentis sorciers, en construisant, par exemple, dans des zones exposées."

A Grimaud, une marina symbole de l'urbanisation

Les habitants de Grimaud ont eu une grosse frayeur. Le 1er décembre, deux lotissements de la ville se sont retrouvés sous l'eau. Une trentaine de personnes ont même dû être évacuées par les secours. La ville doit faire face à plusieurs menaces : des pluies violentes et la montée des océans, notamment dans Port Grimaud. Cette marina au cœur du golfe de Saint-Tropez est sortie de terre dans les années 1960... à la place d'une immense zone humide.

A Saint-Tropez, les villas ont colonisé la nature

Les vues aériennes de Saint-Tropez ne laissent pas de place au doute. Les belles villas avec piscine ont colonisé la nature, notamment à l'Estagnet, au cap Saint-Pierre ou vers la Pointe de la Rabiou. Une bétonisation dénoncée de longue date.

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