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Typhon Haiyan : "Les gens craignent les pillages"

Pierre Monégier, envoyé spécial de France Télévisions aux Philipines, se dirige vers Tacloban, l'une des villes les plus touchées par le typhon. Il raconte les difficultés quotidiennes des populations croisées en chemin.  

Article rédigé par Martin Gouesse - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des rescapés au port de Cebu, aux Philippines, le 12 novembre 2013. (ONUR COBAN / ANADOLU AGENCY)

Pierre Monégier fait partie des premiers journalistes de France Télévisions à être arrivés aux Philippines pour rendre compte des dégats du typhon Haiyan. Parti de Cebu avec son équipe, il est arrivé mardi 12 novembre au port d'Ormoc, avant de prendre la route pour Tacloban, sur l'île de Leyte, l'une des zones les plus touchées. 

Francetv info : Pourquoi être allé à Ormoc ?

Pierre Monégier : Depuis que le maire de Tacloban a annoncé le chiffre de 10 000 morts pour sa ville, tous les regards et tous les secours vont vers cette zone. C'est normal. Habituellement, Tacloban est protégée, elle n'est pas touchée par les cyclones, la ville ne devait donc pas être assez préparée. Mais les Philippines, c'est un archipel, et nous sommes sans nouvelles de nombreux petits villages. Nous avons donc décidé de prendre un bateau au port d'Ormoc pour nous rendre sur l'île de Leyte, et de là prendre la route pour Tacloban.

Nous avons embarqué sur le dernier bateau, mardi 12 novembre au matin, heure de Paris. Il a fallu attendre que la météo se calme. Il y avait une tempête, en fait la 25ème que l'archipel essuie depuis le début de l'année. La traversée entre Cebu et Ormoc a duré près de trois heures. A bord, malgré la mer trés formée, les passagers essayaient de se reposer. Tous sont fatigués, ils ont les traits tirés. Plusieurs retournaient à Ormoc après avoir fait le plein d'eau, de vivre, de médicaments, et avoir récupéré des cartes de téléphones à Cebu.

Certaines personnes espèrent retrouver des proches. J'ai croisé un couple qui arrive de Hong-Kong pour chercher de la famille. Et il y a aussi des bénévoles avec du matériel de secours. Il y a une très grande solidarité entre les Philippins.

Embarquement pour le dernier ferry à Cebu (Philippines), le 12 novembre 2013.  (PIERRE MONEGIER / FRANCE 2)

Que voyez-vous sur place ?

Il fait nuit noire. A part les phares de voitures, il n'y a absolument aucune lumière. Il n'y a que très peu de groupes électrogènes qui fonctionnent car les Philippins gardent l'essence pour les voitures.

Ormoc n'est pas rasée, mais tout autour de la route, on distingue des tas de débris. Seule la 3G fonctionne. Nous avons réussi à trouver un logement pour ce soir chez Jet, un particulier.

 

Je n'ai pas vu beaucoup de blessés graves, je pense qu'ils ont profité des liaisons avec les bateaux vers Cebu, qui est une grande ville. Mais je vois quand même des blessés plus légers, des enfants, des adultes. 

Actuellement, nous sommes onze dans un mini-van, et nous venons de doubler une moto avec cinq personnes, plus les bagages, sur des routes qui ne sont que de la boue. C'est assez suréaliste, dans le bus, en fond sonore, on entend Hotel California, la chanson du groupe Eagle. Mais quand nous parlons aux gens, très vite ils se mettent à pleurer.

Y a-t-il des problèmes de sécurité ?

Sur le bateau, où nous étions les seuls occidentaux, une vieille dame est spontanément venue me voir et m'a dit : "Vous savez, les gens ne sont pas méchants ici, mais faites attention car ils n'ont plus rien." Un couple a laissé sa voiture sur le port d'Ormoc, il n'est pas certain de la retrouver. Les gens ont du mal à laisser leurs maisons, ils craignent les pillages, et il y a effectivement des pillages.

Nous cherchons à louer un van pour prendre la route vers Tacloban, mais nous ne pourrons pas partir avant demain matin. Il y a un couvre-feu à la tombée de la nuit, justement à cause des pillages. 

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