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A Haïti, dans les zones dévastées par le passage de Matthew : "Nous n'avons plus rien pour survivre"

Au moins 400 personnes sont mortes dans le sillage de l'ouragan, assure un sénateur du sud de l'île. Selon les Nations unies, au moins 350 000 personnes ont besoin d'une assistance. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le village de Corail, à Haïti, ravagé par le passage de l'ouragan Matthew, le 6 octobre 2016. (CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS)

A Haïti, l’ouragan Matthew a été meurtrier. Le bilan n'est pas définitif, mais un sénateur du département Sud, évoque un très lourd bilan, vendredi 7 octobre. Selon Hervé Fourcan, le cyclone a fait "au moins 400 morts". De son côté, la protection civile du Sud évoque un bilan de 315 morts, mais toutes les données n'ont pas encore été centralisées par les autorités haïtiennes. Les vents qui ont ravagé l'île balaient désormais la Floride où plus de deux millions de personnes ont été priées d’évacuer.

Maisons détruites et électricité coupée

Deux jours après le passage de Matthew, les images qui parviennent d'Haïti montrent l'ampleur des ravages provoqués par l'ouragan. Sur RFI, une journaliste décrit "un paysage apocalyptique" : "Arbres pulvérisés, maisons détruites, englouties par des vagues de dix mètres de hauteur." Aux Cayes, troisième ville du pays, la plupart des maisons ont perdu leur toit, précise le New York Times (en anglais). Le toit de la cathédrale a été totalement emporté. 

A Jeremie (Haïti), une rivière est sortie de son lit, après le passage de l'ouragan Matthew, le 5 octobre 2016. (CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS)

En plus des trombes d'eau qui ont provoqué des inondations, des glissements de terrains ont aussi transformé les villes en de gigantesques étendues de boue. Le Sud de l’île reste la partie la plus touchée par l’ouragan. Dans cette région, plus de 29 000 maisons ont été détruites. A Jérémie, dans le département de Grand'Anse, 80 % des constructions ont été rayées de la carte, précise Jean-Michel Vigreux, directeur de l’association Care Haiti, dans le Miami Herald (en anglais).

"Les lignes téléphoniques et l'électricité ne fonctionnent plus. L’accès est complètement coupé et tout le monde est à court de nourriture et d’argent", poursuit-il, indiquant que tout le monde "est secoué". Dans la région des Cayes et de Port-Salut, "une grande partie de la population dort à la belle étoile", assure RFI.

Une vue aérienne d'un quartier de Jeremie, ville très durement touchée par l'ouragan Matthew, le 6 octobre 2016, à Haïti.  (CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS)

"Toutes les cultures ont été arrachées" 

A Chantal, localité située à l'intérieur des terres, l'adjoint au maire dresse un tableau sombre de la situation : "Nous n'avons plus rien pour survivre, toutes les cultures ont été arrachées, tous les arbres fruitiers sont à terre. Je n'ai pas la moindre idée de la façon dont nous allons reconstruire", raconte Marc Soniel Noël à l'agence Reuters. Dans le Miami Herald, Andre Moise, un habitant de 26 ans, résume la situation : 

On a tout perdu : nos animaux, nos récoltes, nos papiers. Tout ce qu’il nous reste c’est les habits qu’on porte et l’eau des noix de coco.

Andre Moise, un habitant de Haïti

au "Miami Herald"

Des habitants d'Haïti tentent de traverser la rivière La Rouyonne dans la commune de Leogane, au sud de Port-au-Prince, le 5 octobre 2016. (HECTOR RETAMAL / AFP)

Interrogée par le quotidien, une porte-parole de Mercy Corps, une ONG intervenant dans le pays, estime que dans la région d'Arcahaie, 80 % des plants de bananes ont été détruits. La production permettait à environ 20 000 familles de subsister. En plus des destructions des récoltes, les inondations vont compliquer l'avenir des agriculteurs ; l'eau est salée, il sera difficile de refaire pousser quelque chose.

Les arbres de la ville des Cayes ont beaucoup souffert des violentes rafales de vent, le 6 octobre 2016, à Haïti.  (ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS)

L’ouragan Matthew plonge donc les habitants de l’île dans une grande détresse. Parmi eux, Louisiana Dieule, habitante d’un quartier défavorisé de la capitale, Port-au-Prince. Elle se confie à la correspondante de franceinfo en Haïti. Cette mère de quatre enfants, sans nourriture ni eau, craint une recrudescence des cas de choléra. "Moi qui suis une adulte, je connais les précautions, mais les enfants ici, qui n’ont pas d’eau, ils vont boire l’eau qu’ils trouvent dans les trous de la cour… Les choses ne sont pas formidables, pour nous les pauvres !", s'exclame-t-elle.

Des appels à l'aide humanitaire

Face à la situation, les appels à une intervention humanitaire se multiplient. Pour les Nations unies, au moins 350 000 personnes ont un besoin urgent d’assistance  (médicaments, abris, eau, systèmes sanitaires). De son côté, la Croix-Rouge affirme que plus d'un million de personnes sont concernées à des degrés divers par les conséquences de l'ouragan. Plus de 21 000 personnes restent encore bloquées dans des abris provisoires où la situation est alarmante.

De l'aide humanitaire arrive sur le tarmac de l'aéroport de Port-au-Prince, le 6 octobre 2016, à Haïti.  (JEANTY JUNIOR AUGUSTIN / REUTERS)

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) a lancé, jeudi soir, un appel de fonds à hauteur de 6,2 millions d'euros pour financer une aide d'urgence à 50 000 Haïtiens. Mais cette aide fait grincer des dents chez les Haïtiens, rapporte une journaliste de l'AFP. Interrogé par l'agence, un habitant supplie les associations : "S'il vous plaît, ne venez pas encore nous promettre des milliards si après nous n'allons rien recevoir !"

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