Neoguri : quatre questions sur les supertyphons, ces tempêtes dévastatrices du Pacifique

Neoguri, la tempête tropicale qui a atteint les îles de Miyako et Okinawa, mardi 8 juillet, pourrait être le typhon le plus dévastateur ayant touché le Japon en 15 ans. Si la dépression a perdu en intensité durant la nuit, ses vents ont soufflé à 270 km/h lundi, lui valant pendant quelques heures la classification de supertyphon. Voici en quatre points de quoi mieux connaître ces cyclones monstrueux.

Qu'est-ce qu'un supertyphon?

Un supertyphon est une tempête tropicale dont les vents soutenus (mesurés sur une minute au moins) dépassent les 249 km/h. A une telle vitesse, ils sont classés catégorie 5 sur l'échelle de Saffir-Simpson, qui évalue l'intensité des dépressions tropicales. Autre facteur jouant sur la puissance de ces typhons, la pression atmosphérique : plus elle est basse, plus les vents au centre de la tempête sont violents. Bien que ces rafales soient très impressionnantes, les supertyphons ne se déplacent qu'à 20 ou 30 km/h en moyenne.

Le diamètre des supertyphons atteint en moyenne plusieurs centaines de kilomètres. Tip, le plus gros cyclone enregistré depuis 1969, faisait 2 200 kilomètres de large, soit la moitié des Etats-Unis d'est en ouest, selon The Weather Channel (en anglais). 

Les termes typhon, cyclone et ouragan désignent le même phénomène météorologique, mais situé dans des zones différentes. Les typhons évoluent dans le nord-ouest de l'océan Pacifique, alors que les ouragans se forment dans l'Atlantique et les cyclones dans l'océan Indien.

Comment se forment ces supertempêtes ?

Les typhons sont de gigantesques dépressions atmosphériques qui apparaissent dans les zones tropicales. L'eau des océans s'évapore à cause de la chaleur, puis se condense en énormes nuages au contact de l'air froid, provoquant de la pluie. Si le typhon est assez éloigné de l'Equateur, la force de Coriolis, due à la rotation de la Terre, crée un tourbillon, explique Sciences et avenir. 

Lorsque les vents tournoient très rapidement, un trou d'air se forme au milieu de la dépression. C'est "l'œil" du cyclone, une "zone d'accalmie" sans pluie et avec un vent faible mesurant entre 30 et 60 kilomètres, selon Météo France. La zone juste autour de l'œil, où les vents sont les plus violents, est aussi la plus dévastatrice.

The interesting shaped #eye of super #TyphoonNeoguri – 2155 GMT, 7 July pic.twitter.com/raNonr8qbK

— Reid Wiseman (@astro_reid) 7 Juillet 2014

Pourquoi les supertyphons sont-ils dangereux?

Première cause de dégâts en cas de supertyphon : les vents soutenus, qui ont atteint un record de 315 km/h durant les tempêtes Tip, en 1979, et Haiyan, en 2013. Près de l'œil, les rafales peuvent aller jusqu'à 400 km/h. Des vents tellement puissants qu'ils détruisent tout sur leur passage, à l'image des tornades. Mais contrairement à ces dernières, les typhons durent plusieurs heures, voire plusieurs jours, et sont donc encore plus dévastateurs.

Mais le vent n'est pas le phénomène le plus dangereux. Le passage de ces dépressions entraîne une montée anormale du niveau de la mer, qui inonde les côtes. La "marée de tempête" provoquée par le super typhon Haiyan, explique la Nasa (en anglais) a ainsi atteint plus de 5 mètres de hauteur et dévasté la ville de Tacloban, aux Philippines. Cette montée des eaux est doublée d'une forte houle, pouvant être meurtrière : on prévoit des vagues de plus de 14 mètres de haut lors du passage de Neoguri sur le Japon.

Autre conséquence dramatique des supertyphons: les pluies diluviennes. Les précipitations ont atteint jusqu'à 300 millimètres par heure dans le cas du typhon Haiyan. En comparaison, Paris reçoit 641 millimètres de pluie par an, selon la mairie de la ville. Ces pluies peuvent provoquer des glissements de terrain et des coulées de boue, phénomènes très dangereux pour la population et que l'on redoute lors du passage de Neoguri au Japon.

Comment se protègent les pays menacés ?

Afin de prévenir les désastres liés aux typhons, une veille cyclonique coordonnée par l'Organisation météorologique mondiale est assurée dans chaque zone à risque. Les prévisions permettent d'anticiper la trajectoire et la puissance des supertempêtes, et de déclencher les niveaux d'alerte, comme cela fut le cas au Japon pour Neoguri.

Les pays régulièrement affectés par les supertyphons construisent, de plus, des bâtiments aux normes paracycloniques, relate le site Futura environnement : éloignés des côtes et des rivières, offrant peu de prise au vent et bâtis sur des terrains stables. Toutes les habitations ne sont néanmoins pas prévues pour résister aux cyclones, en particulier dans les pays en développement, comme les Philippines.

En dernier recours, certaines mesures de sécurité doivent être mises en place juste avant l'arrivée des tempêtes. Barricader les fenêtres pour éviter qu'elles n'explosent, prévoir de l'eau et des réserves ainsi que des générateurs pour les coupures d'électricité. En cas de supertyphons, les habitants situés dans les zones à risques sont évacués par les autorités vers des abris : en 2013, plus de 800 000 Philippins avaient été déplacés pour anticiper l'arrivée du supertyphon Haiyan, rapporte l'ONG Oxfam. Haiyan avait malgré tout causé la mort de plus de 6 000 personnes dans le pays, rapporte CNN (en anglais), ainsi que de gros dégâts matériels.