Vidéo "Les solutions existent" pour limiter le réchauffement à 1,5°C, assure l'un des co-auteurs du rapport du Giec sur le climat
Roland Séférian, climatologue à Météo France et co-auteur du rapport du Giec publié lundi 8 octobre, estime sur franceinfo qu'il "faut agir très rapidement" pour limiter le réchauffement climatique.
"Ce que nous apprend ce rapport, c'est qu'il n'est pas impossible de limiter le réchauffement à 1,5°C" explique Roland Séférian, climatologue à Météo France et co-auteur du nouveau rapport spécial du Giec publié lundi 8 octobre, qui exhorte les États à engager des transformations "rapides et sans précédent", pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Dans ce rapport de 400 pages publié lundi, les scientifiques exposent les nombreux impacts déjà à l'œuvre. Et il appelle à des transformations "rapides" et "sans précédent" s'il veut limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Un seuil qui au rythme actuel sera atteint entre 2030 et 2052.
franceinfo : Que nous révèle ce sixième rapport du Giec, les experts de l'ONU sur le climat ?
Roland Séférian : Il nous révèle que chaque année, les activités humaines et l'usage des sols nous amènent à émettre 40 milliards de tonnes de CO2 dans l'atmosphère. Une telle tendance nous conduirait à dépasser le réchauffement de 1,5°C d'ici la fin du siècle. On va même connaître cette limite de notre vivant [entre 2030 et 2052 selon le rapport] s'il n'y a pas une montée des ambitions des États à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ces conclusions vous ont-elles surpris ?
Oui et non : on avait, depuis le dernier rapport du Giec, l'intuition, voire la certitude que l'ampleur du réchauffement climatique et de ses impacts ne pouvaient être que plus importants. Ce que nous indique ce rapport, c'est qu'on a relevé les niveaux de risques et de vulnérabilité de certains écosystèmes naturels et humains. Mais ce que nous apprend aussi ce rapport, c'est qu'il n'est pas impossible de limiter le réchauffement à 1,5°C. Mais il faut agir très rapidement et dans plusieurs aspects de la société. Notre "reste à émettre" est plus important que ce qu'on avait évalué dans les précédents rapports. Le "reste à émettre", c'est le temps qu'il nous reste pour émettre du dioxyde de carbone au taux actuel [pour ne pas dépasser le seuil de 1,5°C]. Il est d'environ 15 ans. Le précédent rapport semblait dire qu'on avait en grande partie consommé ce "budget carbone". Or, vraisemblablement, il nous reste 15 ans d'émission au taux actuel.
Il y a donc encore de l'espoir ?
Tout à fait. Les émissions passées ne nous amèneraient pas, à elles seules, à 1,5°C de hausse. Si du jour au lendemain, on arrêtait tout, on pourrait rester en-deçà de cette limite. En résumé, il faudrait non seulement réduire les émissions, mais aussi retirer du dioxyde de carbone de l'atmosphère. C'est ce qu'on appelle les "émissions négatives", que l'on a vu apparaître lors de l'accord de Paris. On sait déjà faire en partie, par exemple avec la biomasse énergie : le fait notamment de planter des champs de colza pour en faire du bioéthanol. La différence, c'est qu'au-lieu de transformer la matière en carburant, on la garde, on la pyrolyse pour la transformer en matière carbone inerte et l'enfouir dans un réservoir géologique pour la retirer du système atmosphérique et éviter que cela cause un effet de cercle plus important. Les solutions existent, le problème c'est leur déploiement à l'échelle globale.
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