Ventes de voitures électriques : "Il y a un nouveau départ au niveau mondial", assure Luc Chatel, président de La Plateforme automobile
Alors que la Tesla Model 3 s'est classée en tête des ventes européennes de voitures en septembre, "on remet les compteurs à zéro" a estimé sur franceinfo mardi Luc Chatel, président de La Plateforme automobile.
La filière automobile française s'est réunie mardi 26 octobre à la Cité des sciences à Paris pour dessiner sa feuille de route pour 2030. "Il y a un nouveau départ dans l'automobile au niveau mondial, on remet les compteurs à zéro", a déclaré sur franceinfo à cette occasion Luc Chatel, président de la Plateforme automobile, une organisation qui rassemble la filière automobile française et organise cette journée. La Tesla Model 3, une voiture électrique américaine, s'est en effet classée en tête des ventes européennes en septembre.
franceinfo : Que pensez-vous de cette performance de Tesla, qui dépasse tous les constructeurs automobiles en Europe en termes de vente ?
Luc Chatel : Il faut tout d'abord se réjouir, comme toujours, du succès de ceux qui sont capables d'innover à une vitesse vertigineuse. Cependant, il faut relativiser cette performance, qui a été rendue possible car les concurrents directs sur le marché des véhicules électriques n'ont pas pu produire depuis quelques semaines et ont des parts de marché anormalement basses, par rapport à une période classique. C'est un beau succès mais la première place sur cette période est aussi liée aux ruptures d'approvisionnement et de commandes de véhicules chez d'autres constructeurs.
Comment expliquer le retard des constructeurs français sur l'électrique ?
Je ne dirais pas qu'ils sont en retard. En trois ans, le nombre de modèles électriques dans les catalogues des constructeurs français a été multiplié par trois. Nous avons une part de marché de 18% sur les véhicules électriques, ce qui représente plus que le diesel. Nous sommes en train de dépasser les objectifs que l'on avait fixé en 2018, qui étaient de multiplier par cinq le nombre de véhicules électriques en France.
Emmanuel Macron vise la production de près de 2 millions de véhicules électriques et hybriques en France à l'horizon 2030. Est-ce un objectif atteignable ?
C'est ambitieux mais, au-delà de ce nombre de véhicules produits, je veux retenir la capacité de notre pays à attirer les investissements importants pour l'avenir. Aujourd'hui, la France représente seulement 9% de toute la valeur ajoutée de l'automobile en Europe. C'est faible. Il y a un nouveau départ dans l'automobile au niveau mondial, on remet les compteurs à zéro. Est-ce que la France va être de ce combat du futur ? Ce n'est pas gagné aujourd'hui. Pourtant, il y a de nombreux emplois [en jeu]. Nous avions fait une simulation en 2019, avant la crise. La filière automobile devait perdre une quinzaine de milliers d'emplois à cause de la transformation climatique. Nous les avons déjà perdus avec la crise du Covid-19. La simulation actuelle postule que l'accélération de cette transition pourrait en faire perdre 65 000 de plus dans la filière française.
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