Pluie : "Un degré de plus dans l'atmosphère, c'est 7% d'humidité en plus", décrypte cet expert météo
La pluie n'en finit pas de tomber en France et en Belgique, des inondations sont en cours en Allemagne, en Espagne, la Catalogne est frappée par une tempête... La météo de ce début juin est hors norme, comme l'explique dimanche 2 juin sur franceinfo Alix Roumagnac, président de Predict, la filiale "risques" de Météo France.
franceinfo : On a le sentiment qu'il y a encore quelques années en arrière ce genre d'évènements climatiques n'arrivaient pas en cette saison, est-ce bien le cas ?
Alix Roumagnac : Ce n'est pas une météo de fin de printemps et ce qui se passe, c'est que d'une année sur l'autre, il y a ce qu'on appelle la variabilité climatique. On a eu en 2022-2023 des printemps et des mois de juin très chauds, très secs, très caniculaires. L'année dernière, à la même époque, on se plaignait en France de sécheresse généralisée. Et cette année, ce qui s'est passé, c'est que l'anticyclone qui se positionne normalement sur le France pour nous apporter l'été a du mal à se positionner. Et les dépressions qui viennent de l'Atlantique, du nord de l'Atlantique avec de l'air froid, humide, continuent à rentrer sur la France depuis tout le mois de mai, depuis plusieurs semaines. Sur l'Allemagne, c'est le même phénomène qui nous touche et apporte des précipitations qui sont très importantes. On l'a vu dans l'est de la France il y a quelques jours. On accompagne les communes justement pour anticiper les mises en sécurité.
C'est ce qu'on appelle les "gouttes froides" ?
Les météorologues, nos collègues de Météo France évoquent ça. Ce sont des dépressions avec de l'air très froid en altitude, qui descendent du nord des îles britanniques. En fait, l'anticyclone ne les bloque pas donc elles rentrent sur le nord-est de la France, de l'Allemagne et poursuivent sur l'Italie et apportent ces précipitations.
"C'est ce qu'on évoquait dans les rapports du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) depuis des années, c'est-à-dire que le dérèglement climatique accentue les extrêmes."
Alix Roumagnac, président de la filiale "risques" de Météo Francesur franceinfo
Quand il fait beaucoup plus chaud et qu'on a des périodes de sécheresse, les tendances sont énormes en termes de sécheresse. Et puis quand il se met à pleuvoir, un degré de plus dans l'atmosphère, c'est 7% d'humidité en plus. Les pluies sont plus fortes, plus intenses. Et c'est cette "extrémisation" que l'on observe cette année avec la partie humide.
Et aussi le sentiment parfois que les saisons sont presque en train de se décaler, mais ce n'est pas aussi simple ?
Oui, c'est très compliqué, c'est ce qu'on appelle la variabilité climatique. Il y a ce qu'on appelle le changement climatique, ou le dérèglement climatique, et puis de l'autre côté, il y a la variabilité climatique. Et effectivement, les situations météorologiques se calent, normalement à la période du printemps, on sort de l'hiver, l'anticyclone avec de l'air chaud se positionne sur la France et apporte de l'air sec et beaucoup plus chaud. Et là, les choses se sont un peu bousculées. On n'a pas dans les études aujourd'hui des climatologues des tendanciels très précis. Les études sont en cours pour savoir si le dérèglement climatique influe là-dessus. Mais de toute façon, forcément, le dérèglement climatique est là. Donc tout ce que l'on observe aujourd'hui est affecté par ces augmentations de températures. Ce phénomène est mondial [...] On est déréglés. Il faut s'adapter, c'est important, et adapter son comportement. [...] En Europe, on est sur une zone très urbanisée par rapport à d'autres zones de la planète. Les conséquences en termes de pluviométrie ou de vagues de chaleur sont ressenties de manière plus importante. Donc il y a l'effet direct, et puis l'effet indirect ressenti qui est lié à l'urbanisation et qui affecte particulièrement tout ce qui est en Europe occidentale.
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