Sommet sur les océans : "On attend une vraie protection d'au moins 30% des espaces océaniques", déclare Isabelle Autissier
"Il faut qu'on change nos méthodes" pour préserver nos océans, assure sur franceinfo la présidente d'honneur du WWF France.
Alors qu'une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus vendredi 11 février à Brest pour le One Ocean Summit (sommet international sur l'océan), la présidente d'honneur du WWF France, la navigatrice Isabelle Autissier, déclare mardi sur franceinfo attendre des "coalitions d'Etats pour porter une vraie protection d'au moins 30% des espaces océaniques". "Il nous faut ça pour que la vie océanique puisse survivre." Selon elle, il est temps de "changer nos méthodes" alors qu'"on a toujours considéré que l'océan était assez grand pour se débrouiller tout seul."
franceinfo : les océans, les mers représentent environ les deux tiers de la surface de la planète. Pourtant, c'est une préoccupation politique assez récente, notamment sur ces questions de protection de la planète...
Isabelle Autissier : On a toujours considéré, jusqu'à maintenant, que l'océan était assez grand pour se débrouiller tout seul. C'était tellement vaste que si on mettait des polluants dedans ça allait se diluer, qu'il y avait tellement de poissons que si on était en état de surpêche ça allait se débrouiller pour revenir. Or, on s'aperçoit que ce n'est pas vrai. On est une petite planète, un petit océan qui est aujourd'hui complètement stressé par tout un tas de choses qui vont malheureusement un peu toutes dans le même sens. Donc, il faut qu'on change nos méthodes.
Connaît-on bien l'océan ?
Non. On a des scientifiques absolument incroyables partout autour du monde mais c'est tellement complexe, tellement vaste et il y a tellement de questions qui se posent... Il y a moins de gens qui sont allés dans les grandes fosses océaniques que dans l'espace.
"On a encore des milliers d'espèces à découvrir et ce qu'il ne faut surtout pas, c'est les détruire avant de les avoir découvertes."
Isabelle Autissier, navigatriceà franceinfo
Sans les océans, il y aurait deux fois plus de CO2 dans l'air que nous respirons. Protéger l'océan, est-ce ralentir le réchauffement ?
Bien sûr, puisqu'une grande partie du CO2 est capturée par le phytoplancton, qui sont en fait des microplantes à la surface des océans, qui va ensuite couler et entraîner le carbone vers le fond. Donc ça, c'est extraordinaire. Aujourd'hui, les océans nous rendent un sacré service. Et aussi, en termes de chaleur, ils absorbent presque 90% de l'excès de chaleur due au dérèglement. Mais le dérèglement climatique fait chauffer l'océan qui peut moins capturer le carbone. Il s'acidifier, donc on va voir la mort du corail et la disparition d'un certain nombre d'espèces. Il est extrêmement pollué. Aujourd'hui, on trouve du plastique absolument partout. Ça impacte toute la chaîne alimentaire, y compris les hommes.
Qu'attendez-vous de ce sommet et de l'ambition française dans ce domaine de protection des mers et des océans ?
On attend un certain nombre de coalitions d'Etats pour porter d'abord vraie une protection d'au moins 30% des espaces océaniques. Il nous faut ça pour que la vie océanique puisse survivre. On en attend également un moratoire contre les explorations et les exploitations profondes parce qu'on risque de détruire les grands fonds avant de les avoir connu, mais aussi évidemment une atténuation des dérèglements climatiques ainsi qu'un sommet international contre le plastique à l'ONU qui soit contraignant et qui nous oblige collectivement à diminuer notre excès de consommation de plastique. Il y a beaucoup de dossiers.
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