Sécheresse : les eaux souterraines sont dans une situation "normale" à cette période mais les restrictions permettent de "prévenir"

La sécheresse qui frappe actuellement de nombreux départements français n'est pas un phénomène récent, affirme la directrice au Bureau de recherches géologiques et minières, Nathalie Dörfliger. Elle est à la tête de la direction Eau, environnement et écotechnologies et assure que les niveaux des eaux souterraines sont "normaux" à cette période de l'année, mais que les restrictions permettent de prévenir une baisse des cours d'eau.

franceinfo : Deux tiers des départements français sont en restrictions d'eau. A-t-on déjà vu ça à cette période de l'année ?

Nathalie Dörfliger : Oui, ce n'est pas récent. Ces restrictions d'eau concernent en grande partie les eaux de surface, parce qu'au niveau des eaux souterraines, on est dans une situation normale à cette période. En septembre et octobre, on est dans une période dite "de bascule". On est en fin d'été, avec une diminution des niveaux pluviométriques, des niveaux d'eau et on attend une recharge. La recharge, ce sont les précipitations hivernales qui vont faire remonter les niveaux d'eau. Et si on regarde la carte cette année, on est dans une situation autour de la moyenne, voire avec des niveaux au-dessus parce qu'on est dans une situation héritée des recharges hivernales des deux dernières années qui étaient favorables.

Et en même temps, il y a beaucoup d'arrêtés sécheresse. Pourquoi cette nécessité ?

Parce qu'il ne pleut plus depuis un certain temps. On est sur une période où on a eu des précipitations complètement déficitaires dans les deux derniers mois. Qui dit pas de pluie dit aussi pas de ruissellement et donc peu d'eau dans les cours d'eau. Or, ces cours d'eau sont aussi en relation avec les eaux souterraines qui soutiennent un certain nombre de débits de cours d'eau. Donc il est nécessaire de faire des restrictions pour qu'il y ait suffisamment d'eau à certains endroits, pour prévenir.

Cette situation est appelée à se reproduire. Peut-on prendre des mesures d'anticipation ou de prévention ?

On pourrait essayer de stocker davantage d'eau dans le milieu souterrain, parce qu'à cet endroit, l'eau est protégée de l'évaporation par les températures. On pourrait essayer d'anticiper, de stocker de l'eau quand il y en a beaucoup en hiver. On pourrait essayer de recharger le stock souterrain pour pouvoir l'utiliser l'année suivante ou deux ans après, puisqu'on a du mal à faire des prévisions sur comment ces sécheresses vont se marquer au cours des années prochaines. Mais ce sont plutôt des recommandations, car on ne le fait pas assez aujourd'hui.