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Manifestations pour le climat : "J'en ai assez de ces professionnels de la manif" qui sont dans "l'opposition systématique", s'agace François de Rugy

Le député LREM de Loire-Atlantique et ancien ministre de l’Écologie affirme qu'EELV "est opposé à tout ce que fait Emmanuel Macron depuis 2017". Il reproche notamment au parti écologiste de ne pas avoir soutenu le projet de taxe carbone lors du mouvement des "gilets jaunes".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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François de Rugy, député LREM de Loire-Atlantique et ancien ministre de l'Ecologie. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Près de 500 organisations, associations et syndicats, appellent à manifester dimanche 28 mars contre le projet de loi climat dont l'examen à l'Assemblée commence lundi. "J'en ai un peu assez de ces professionnels de la manif, c'est en réalité une opposition politique et c'est un peu une opposition systématique", réagit sur franceinfo François de Rugy, député LREM de Loire-Atlantique et ancien ministre de l’Écologie."On a l'impression que quoi que fasse le président de la République, le gouvernement ou les députés, ça ne sera jamais assez en matière d'écologie", s'agace-t-il.

franceinfo : Participez-vous aux manifestations sur le climat ce dimanche ?

François de Rugy : Non, je ne vais pas aller manifester contre une loi qui est présentée par le gouvernement et qui est issue des travaux de la Convention citoyenne pour le climat que j'ai moi-même initiée quand j'étais ministre de l'Écologie. J'en ai un peu assez de ces professionnels de la manif. C'est en réalité une opposition politique et c'est un peu une opposition systématique. On a l'impression que quoi que fasse le président de la République, quoi que fasse le gouvernement, quoi que fassent les députés à l'Assemblée nationale, ça ne sera jamais assez en matière d'écologie.

La plupart de ces ONG n'ont pourtant pas manifesté pour le climat depuis plus d'un an et demi.

Oui, parce qu'il y a la crise sanitaire. Mais certains membres de la Convention citoyenne sont poussés en avant, c'est-à-dire qu'ils sont un peu instrumentalisés politiquement maintenant. Et c'est dommage parce c'était une innovation démocratique où les citoyens devaient justement pouvoir s'exprimer, faire des propositions en étant défaits de toute attache politique, de toute attache associative.

C'est utile les associations et les partis politiques, mais on sait bien que par exemple Europe Ecologie-Les Verts est opposé à tout ce qu'a fait le président Macron depuis 2017 sans discontinuer, c'est une opposition systématique.

François de Rugy

à franceinfo

Même quand j'ai fermé les quatre centrales à charbon qui existent encore en France et qui seront toutes fermées d'ici 2022, ce qu'aucun pays d'Europe n'a fait, les associations n'ont jamais salué cette décision et ce choix politique fort.

Il y a tout de même certaines voix au sein de La République en marche qui expriment des critiques, qui souhaitent des mesures plus fortes, par exemple sur l'encadrement de la publicité.

Qu'il faille faire plus en matière d'écologie, pour le climat mais aussi pour la biodiversité, c'est évident. Mais tout cela ne se fait pas en un jour. Rappelez-vous la taxe carbone : en 2017 le gouvernement dirigé par Edouard Philippe décide d'augmenter le niveau de la taxe carbone, d'aller plus vite et plus haut que ce qui était prévu. Tout le monde, à l'époque, réclamait une fiscalité écologique. Quand ça a été fait, ce sont des députés à l'Assemblée nationale qui l'ont votée, il y a eu au bout d'un an un mouvement de révolte, le mouvement des "gilets jaunes", qui avait pris comme bouc émissaire en quelque sorte la taxe carbone et la fiscalité écologique. À ce moment-là, je n'ai pas vu une seule manifestation organisée par ces associations ou par Europe Écologie-Les Verts pour défendre la fiscalité écologique. Il aurait fallu à ce moment-là défendre la fiscalité écologique. Mais ce n'est pas facile, parce que dans notre société comme partout dans le monde, il y a des contradictions. On a envie de faire plus pour l'écologie, mais on a aussi envie de pouvoir continuer à utiliser sa voiture. Donc, les changements ne se font pas en un jour. C'est normal que ce soit des changements progressifs qui s'appuient sur des innovations technologiques.

Quand un projet rencontre des oppositions, souvent le gouvernement pointe un problème de pédagogie, c'est le cas aussi ici ?

Prenons l'exemple de la voiture électrique. Quand nous étions au plus fort du mouvement des "gilets jaunes" la voiture électrique était très critiquée. Les gens qui étaient impliqués dans le mouvement des "gilets jaunes" disaient : "Mais non, ce n'est pas une solution, on a vu des reportages qui disent que c'est plus polluant que la voiture à essence". Oui, il fallait faire de la pédagogie et au bout d'un moment, cette pédagogie finit par porter ses fruits. Regardez aujourd'hui les chiffres de vente des voitures, les voitures électriques ou les voitures hybrides électriques rechargeables. Grâce à la pédagogie, grâce aussi aux aides de l'État que nous avons votées, elles se développent de façon très importante. Il faut aussi faire de la pédagogie par exemple pour faire accepter les éoliennes. En France, nous sommes en train de construire un nouveau modèle pour la production d'électricité qu'aucun pays au monde ne fait : développer le nucléaire et les énergies renouvelables. Ça veut dire zéro CO2, ça veut dire une électricité zéro carbone. Ca n'est pas salué par les associations. En fait, Greenpeace est obsessionnellement contre le nucléaire. Quand on parle des "boulets du climat", c'est Greenpeace qui est un des boulets du climat.

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