La lutte contre le changement climatique épinglée par la Cour des comptes
Elle reproche notamment au gouvernement d'avoir négligé les transports et l'agriculture, les secteurs pourtant les plus polluants.
C'est un rapport de 600 pages pour le moins sévère. La Cour des comptes critique la politique française en matière de lutte contre le changement climatique. Le premier président de la Cour Didier Migaud a présenté ces conclusions accablantes, jeudi 16 janvier, devant la commission d'évaluation et de contrôle des politiques publiques de l'Assemblée nationale.
"Les mesures prises au niveau national sont foisonnantes" mais "insuffisamment évaluées" et elles "n'ont pas la cohérence nécessaire", a résumé Didier Migaud. "La Cour recommande de renforcer le pilotage de cette politique qui est interministérielle par nature", a-t-il ajouté. Voici les principales critiques.
Des objectifs pour 2020 "difficilement atteignables"
Le rapport porte sur la "mise en œuvre par la France du paquet énergie-climat" de l'Union européenne qui pose des objectifs en matière de lutte contre le changement climatique, dont une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020. La France s'est également donnée pour objectif de porter à 23% la part des énergies renouvelables dans sa consommation d'énergie.
"Les objectifs pour 2020 sont atteignables mais difficilement", juge la Cour. D'autant qu'elle "considère que les projections retenues reposent sur des hypothèses (...) parfois irréalistes en matière de construction de logements neufs ou de rénovation thermique", a précisé Didier Migaud.
Les secteurs les plus polluants négligés
Les sages de la rue Cambon reprochent au gouvernement d'avoir négligé les secteurs les plus polluants : les transports et l'agriculture, qui représentent 27,9% et 21,2% des émissions de gaz à effet de serre. Dans le premier, les mesures prises ont été "onéreuses et faiblement efficientes". Dans le second, "les mesures sont très peu nombreuses et ne font pas l'objet d'évaluation".
Concernant le logement, la Cour des comptes estime que "l'efficience des mesures apparaît très variable". Elle critique notamment le crédit d'impôt développement durable ou l'éco-prêt à taux zéro.
Par ailleurs, la Cour considère que la France devra augmenter d'un tiers, voire doubler, chaque année jusqu'en 2050, ses investissements pour réaliser la transition énergétique. Ils s'élèvent actuellement à 37 milliards d'euros, venus de fonds publics et privés.
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