Fortes chaleurs : "Ces périodes caniculaires sont vraiment liées au réchauffement climatique", assure le climatologue Jean Jouzel
Le climatologue, glaciologue et ancien vice-président du Giec était invité de franceinfo.
Les températures vont grimper fortement en France dès dimanche 23 juin, avec une moyenne de 29°C au Nord, 32°C au Sud, et on attend entre 35°C et 40°C sur une grande partie du pays la semaine prochaine. Un phénomène de canicule très prématuré pour la saison qui va durer cinq à sept jours, selon les prévisions.
Ce pic de chaleur précoce est "lié au réchauffement climatique", assure sur franceinfo Jean Jouzel, climatologue, glaciologue, ancien vice-président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).
franceinfo : Ces épisodes, qui semblent se répéter, sont une conséquence directe du réchauffement climatique ?
Jean Jouzel : Oui, ces périodes caniculaires sont vraiment liées au réchauffement climatique. À mesure que les températures augmentent, l'intensité des vagues de chaleur et des records de températures augmentent deux fois plus vite. Pour un réchauffement supplémentaire de un degré, les records de températures ont plutôt tendance à augmenter de deux degrés. Ces vagues de chaleur et ces étés chauds, mais aussi les périodes de sécheresse ou les risques de feux de forêts, il va falloir nous y préparer, d'autant que le réchauffement sera important.
On a l'impression parfois de ne plus être dans un climat tempéré. Avec ces alternances de périodes très brutales : fortes chaleurs, violents orages, etc...
Tout à fait, mais cela n'est rien par rapport à ce vers quoi nous irions si nous ne sommes pas capables de maîtriser le réchauffement climatique. Si on laissait aller le réchauffement vers 4 à 5°C à la fin du siècle, les pics de chaleur pourraient être de 8 à 10°C plus importants qu'ils ne le sont actuellement. On passerait dans un autre monde. Au niveau européen, on pourrait atteindre 150 000 victimes chaque année, essentiellement à cause de ces vagues de chaleur.
C'est sans doute dans les grandes métropoles que c'est le plus perceptible, avec le phénomène des îlots de chaleurs ?
Oui, c'est le plus prégnant, en tout cas en termes de problèmes de santé. Il y a aussi des personnes plus vulnérables, peut-être moins de solidarité dans les grandes villes que dans les zones rurales. La ville est un problème particulier, mais tout le monde est touché : dans les territoires, il y a aussi les problèmes de sécheresse ou des feux de forêts. Mais nous sommes beaucoup mieux préparés aujourd'hui que nous ne l'étions en 2003. Les gens sont bien mieux avertis.
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