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Accord sur le climat : trois raisons de rester optimiste après une nuit chaotique à la COP21

La présidence française de la COP21 a annoncé, vendredi, que le texte définitif de l'accord serait soumis aux 195 parties samedi. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, et son homologue des îles Marshall, Tony deBrum, dans son bureau du Bourget (Seine-Saint-Denis), pendant la COP21, jeudi 10 décembre 2015.  (MARTIN BUREAU / AFP)

Jusque-là, tout allait bien au Bourget (Seine-Saint-Denis). Mais contrairement à ce qui était prévu la veille, le président de la COP21, Laurent Fabius, a annoncé, vendredi 11 décembre, qu'il ne serait finalement pas en mesure de présenter dans la journée un accord final sur la lutte contre le réchauffement climatique. 

Objet de négociations intenses entre les 195 parties impliquées (plus l'Union Européenne), le texte final devra être présenté samedi, espère le ministre des Affaires étrangères. Dans cette dernière ligne droite, ponctuée de tractations et de nuits blanches, la France se démène pour démêler les questions épineuses, susceptibles de faire capoter la COP21. Un moment stressant, certes, mais pas étonnant. 

Les débats se tendent, mais c'est normal

Les représentants des 195 parties ont débattu jusqu'au petit matin. Au menu : la question du financement (combien d'argent mettre sur la table pour réduire les émissions de gaz à effet de serre), celle de la différenciation (qui paye quoi), ou encore celle de l'ambition (à combien de degrés doit-on limiter le réchauffement). Rassemblés autour de la table par Laurent Fabius, tous ont fait part de leurs positions sur ces points les plus sensibles. Mais au lieu de mettre de l'eau dans leur vin, certains en ont profité pour raidir leurs positions sur les points qui leur sont chers, comme le montre le live-tweet sur place d'un député écologiste belge. 

"La nuit a été très dure", a confirmé à Reuters une source au fait des négociations. Cependant, Laurent Fabius est resté optimiste : "L'atmosphère est bonne, (...) les choses vont dans le bon sens, a-t-il déclaré vendredi matin sur BFMTV après cette nuit de tractations. Il est raisonnable de s'arrêter là, la séance a été productive, même si tout n'est pas décidé." "Et que serait une COP sans nuits blanches tendues ?", relativise le porte-parole de la fondation Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin. 

Tout n'est pas perdu, il reste une journée de débats 

Inutile de crier à l'échec alors qu'il reste plusieurs heures de négociations. La journée de vendredi, bien remplie, devrait permettre d'avancer, espère la présidence française. Et pour cause : les tours de tables interminables où chacun abat ses cartes sont terminés. "Ce n'est pas un format qui encourage le compromis. Il y a trop de pays, a relevé dans la matinée l'expert climatique britannique Michael Jacobs, en conférence de presse. Mais aujourd'hui, ce sera plus propice, avec des discussions en petits groupes. Je ne vois pas comment  [ces différents] pourraient ne pas se résoudre." 

"Le rôle des chefs d’Etat est primordial dans cette dernière ligne droite", a par ailleurs commenté Nicolas Hulot, envoyé spécial de l'Elysée sur cette conférence climatique. Invités à l'ouverture de la COP21 à donner "une impulsion", les chefs d'Etat devraient s'activer en coulisses au côté des ministres pour tenter de trouver des compromis. 

Personne ne veut d'un nouveau Copenhague

"Tant que les 195 ministres n’auront pas levé la main à l’issue de la conférence plénière finale, tout peut arriver", a résumé à La Croix un membre de la délégation française. Cependant, traumatisés par l'échec de la conférence de Copenhague en 2009, les représentants des pays veulent à tout prix éviter de reproduire un nouveau fiasco.

La présidence française, emmenée par Laurent Fabius, fait ainsi des pieds et des mains pour arrondir les angles, suscitant l'admiration des observateurs les plus critiques. "La présidence française se montre diplomatiquement très compétente pour mener le processus, a reconnu Ruth Davis, de Greenpeace Royaume-Uni, cité par le quotidien. Toutes les parties se sentent écoutées, ce qui est essentiel dans ce processus où chacun a peur de ne pas être pris en compte." 

Sauf qu'à chercher à tout prix le compromis, les diplomates pourraient accepter un texte faible et peu engageant, craignent les ONG. "Ce qui est sur la table n’est tout simplement pas à la hauteur, a réagi, jeudi soir, Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, cité par Le Figaro. Nous assistons à une démonstration d’impuissance d’envergure internationale." Objectifs peu ambitieux, absence de contraintes, impossibilité de contrôler les démarches engagées par les pays pour réduire leurs émissions... Les Etats les plus réticents à l'accord - à commencer par les producteurs de pétrole - ou les moins enclins à mettre la main à la poche, pourraient profiter de cette obligation de résultat pour montrer les muscles. La COP21 accoucherait alors d'un texte vague, sujet à l'interprétation. Loin de la dynamique attendue pour sortir l'humanité de la crise climatique.

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