"Ce frêne lutte actuellement pour survivre" : à Londres, le célèbre cimetière de Highgate menacé par le réchauffement climatique
La cohabitation entre les morts et la nature n’est plus si harmonieuse avec le changement climatique. Les amoureux du cimetière de Highgate se mobilisent pour le sauver.
C’est un joyau de la capitale anglaise. Le cimetière de Highgate, dans le nord de Londres, est menacé. Ce lieu magnifique existe depuis près de 200 ans et sa spécificité c’est que les tombes se trouvent au milieu d’une végétation luxuriante. Malgré la pluie et les pierres tombales rendues glissantes, Franck Cano y évolue avec habileté. Passionné par le lieu, le chef jardinier s’approche d’un arbre dont le tronc est balafré sur toute la longueur : "Ces fissures sont causées par la sécheresse, explique-t-il. Quand elles apparaissent sur un arbre, ça permet aux infections de rentrer. Ce frêne lutte actuellement pour survivre."
"Là, juste à côté, nous avons un arbre qui n’a pas survécu", montre Franck Cano. En 2019, c’est un cèdre du Liban infesté de champignons qu’il a dû abattre. En parcourant les allées du cimetière, il saute subitement au milieu des tombes pour indiquer une pierre tombale tombée récemment, des racines qui en abîment une autre, un arbre qui menace un caveau.
La nature et les morts cohabitaient paisiblement jusqu’ici mais le réchauffement climatique est venu s’en mêler. Avec les températures plus élevées, des champignons se développent. Des pluies plus denses, et le sol argileux glisse dangereusement. Le vent souffle plus fort en été. "Quand l’arbre est rempli de feuilles, ça fait comme des voiles de bateau. Souvent, le vent abîme les arbres ou carrément il les déplace", raconte Franck Cano.
Un concours international pour le sauver
Les nombreux amoureux de ce lieu hors du temps se mobilisent. Un concours international est lancé pour trouver la perle rare : l’architecte paysagiste qui saura comment garder cet écrin tout en l’adaptant aux nouveaux défis climatiques. "C’est un gros changement culturel pour nous, explique Ian Dungavell, le directeur général du cimetière. On passe de 'laissons la nature faire ce qu’elle veut' à 'prenons-la en main'. Nous voulons transmettre ce cimetière à la prochaine génération. Et qu’il ressemble à ça."
D’un grande geste de la main, il désigne cette étendue pentue où s’emmêlent les racines et les pierres tombales, où les épitaphes se recouvrent de lierre. Ce que 100 000 visiteurs viennent découvrir chaque année. Aussi bien sûr pour l’immanquable tombe massive de Karl Marx ou pour chercher la dernière demeure, anonyme, de George Michael.
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