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Cartes Crise climatique : visualisez, ville par ville, le bilan d'un été exceptionnellement chaud et sec en France

Article rédigé par Noé Bauduin
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Franceinfo revient en cartes sur l'été exceptionnellement chaud que la France vient de traverser. (ELLEN LOZON / FRANCEINFO)

Franceinfo revient sur la période estivale que la France vient de traverser, à l'aide des données de Météo France.

Du jamais-vu, ou presque. L'été 2022, le deuxième plus chaud jamais mesuré en France après 2003, a vu les températures dépasser de 2,3 degrés la moyenne des étés de 1990 à 2021. Mais cette période estivale (qui couvre les mois de juin, juillet et août au sens météorologique) a évidemment montré des disparités selon les régions du territoire hexagonal.

Pour entrer dans le détail au niveau local, franceinfo s'est penché sur les données de Météo France, relevées dans une quarantaine de stations dites "essentielles" et réparties dans tout l'Hexagone. Nombre de jours au-dessus de 30°C, températures minimales moyennes et jours de pluie... Découvrez en trois cartes le bilan de l'été dans la station la plus proche de chez vous.

La barre des 30°C franchie de plus en plus souvent, un peu partout en France

Durant les mois de juin, juillet et août 2022, les 30 degrés ont été franchis régulièrement dans l'ensemble de l'Hexagone. Un phénomène qui n'a rien d'exceptionnel dans le Sud, mais dont la fréquence, cette année, a été particulièrement élevée. A Marignane, à côté de Marseille, les 30°C ont été atteints 81 jours (sur les 92 que compte la période), soit 34 jours de plus que la normale. En Corse et à Perpignan, ce seuil symbolique a été franchi au moins deux jours sur trois, plus de deux fois plus souvent que la moyenne de la période 1990-2020.

A l'exception de la façade nord-ouest, les 30°C ont été dépassés au moins 20 fois dans l'ensemble des stations de Météo France analysées par franceinfo. A Bordeaux, Lyon ou Strasbourg, cette température a même été atteinte plus de 40 fois cet été alors que cela ne s'était produit en moyenne que 21 fois, 24 fois et 17 fois sur la période 1990-2020 pour ces trois grands villes. La France a d'ailleurs battu cette année un record de nombre de jours de vague de chaleur, en atteignant ce niveau d'alerte à 33 reprises.

Enfin, si la Bretagne, les Hauts-de-France et la Normandie ont franchi les 30°C moins souvent que le reste de l'Hexagone, ces régions ont explosé les compteurs au regard de la rareté du phénomène habituellement. A Brest, par exemple, ces 30°C ont été atteints à sept reprises cet été, alors que cela arrive en moyenne moins d'une fois par an. A Caen, cette température a été franchie 14 fois (contre trois ou quatre fois par an en moyenne). Cet été, ces deux villes ont battu leur record de chaleur (39,3°C à Brest et 40,1°C à Caen le 18 juillet), comme presque toutes les villes de la façade ouest.

Comme l'explique le climatologue et directeur de recherche au CNRS Robert Vautard, cela s'inscrit dans la dynamique du changement climatique : "On sait que la France se réchauffe et que cette augmentation des températures est plus importante durant la période estivale. Les étés en France sont déjà 2,5°C plus élevés en moyenne par rapport à la période pré-industrielle."

Plus de 60 nuits tropicales à Nice

Si les températures maximales ont atteint des sommets, les températures minimales relevées durant la nuit ont, elles aussi, été bien plus élevées que d'ordinaire, dans l'ensemble des stations Météo France analysées, à l'exception de celle de Reims. "Le corps humain est capable de supporter des températures très élevées, mais il a besoin d'avoir des périodes de récupération, explique Robert Vautard. Donc quand la chaleur se maintient durant la nuit, c'est là qu'il y a le plus de conséquences sur la santé, notamment chez les plus âgés."

Cet été, c'est surtout la moitié sud qui a souffert de ce phénomène. De Perpignan à Nice, en passant par Montpellier et Marseille, l'ensemble du pourtour méditerranéen a enregistré des températures minimales dépassant en moyenne les 20°C. C'est plus de deux degrés supplémentaires par rapport aux normales saisonnières. A Nice, la température minimale moyenne de l'été dépasse même les 23°C. Sur l'ensemble des mois de juillet et d'août, le thermomètre n'est jamais descendu en dessous des 20°C dans la ville, enchaînant ainsi 62 nuits dites "tropicales".

"Le cas de Nice est emblématique du lien entre le climat et la température maritime, détaille Christophe Cassou, climatologue et auteur principal du dernier rapport du Giec. L'océan joue un rôle de régulateur en absorbant la chaleur pendant la journée et en réchauffant l'air la nuit. Et comme la Méditerranée a été particulièrement chaude cette année, cela a empêché les températures de baisser en dessous des 20°C pendant la nuit."

Le quart sud-ouest de la France a aussi subi des températures minimales plus élevées que la normale. A Toulouse, la température minimale quotidienne a été de 18,5°C en moyenne sur les mois de juin, juillet et août, alors qu'elle était de 16,4°C en moyenne lors des trente dernières périodes estivales. Plus près de la côte, Bordeaux frôle les deux degrés d'écart, avec des températures minimales moyennes de 17,5°C, contre 15,7°C habituellement. La moitié nord de l'Hexagone est davantage épargnée, mais les températures minimales quotidiennes y ont quand même été, en moyenne, supérieures d'un degré par rapport aux dernières années.

Un déficit de pluie important dans la moitié nord

Non seulement cet été a été exceptionnellement chaud, mais il a aussi été particulièrement sec. Selon Météo France, les précipitations ont été inférieures de 25% à la moyenne saisonnière. Ce constat se retrouve sur la carte ci-dessous puisqu'aucune station n'a enregistré un nombre de jours de pluie supérieur à la moyenne. Le seuil nécessaire pour qu'un jour soit considéré (et comptabilisé) comme pluvieux est d'1 millimètre de précipitations. Et à l'inverse des températures, c'est le nord de la France qui a été le plus touché par le manque de pluies estivales.

A Lille, il y a d'ordinaire un jour sur trois de pluie durant l'été. Cette année, en trois mois, il n'y en a eu que douze, soit à peine plus d'un jour sur huit. Cela représente un déficit de précipitations de plus de 80 millimètres dans la préfecture du Nord. Le constat est similaire à Abbeville (Somme) ou Rouen (Seine-Maritime), où le nombre de jours de pluie a été deux fois moins élevé qu'en moyenne en été, et où le déficit de précipitations sur trois mois dépasse 100 mm.

Et c'est bien la végétation qui subit le plus le manque de pluie, comme le précise le climatologue Robert Vautard : "Les pluies durant l'été sont trop faibles pour remplir les nappes phréatiques, elles sont normalement absorbées par la végétation en surface. Donc ce sont les plantes qui pâtissent du déficit de précipitations". "Pour les écosystèmes, les risques se multiplient plus qu'ils ne s'additionnent, ajoute Christophe Cassou. C'est-à-dire que ce qui est vraiment dangereux pour un environnement, c'est quand le manque de pluie se combine à des chaleurs très élevées par exemple."

De manière générale, c'est une petite moitié nord de la France qui a connu au minimum six jours de pluie de moins par rapport à la normale entre début juin et fin août. Le déficit de précipitations a été moins important dans le Sud. La plupart des stations ont enregistré entre zéro et cinq jours de pluie en moins comparé à la moyenne des années 1990-2020. Avec quelques exceptions, comme Montélimar (Drôme), où il y a eu deux fois moins de jours de pluie par rapport à la normale, pour un déficit de précipitations de 72 mm.

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