Canicule : Ehpad, établissements scolaires, entreprises… Quelles sont les mesures prises pour faire face aux températures hors normes ?
Alors que 23 départements ont été placés en vigilance orange "canicule", la France s'apprête à vivre des jours difficiles, et les pouvoirs publics ont réactivé des mesures de prévention et de surveillance.
Une vague de chaleur exceptionnelle et précoce a commencé à s'abattre sur la France et doit durer jusqu'au week-end. Les températures devraient frôler, voire dépasser, la barre des 40 °C sur une partie du territoire. Météo France a placé 23 départements en vigilance orange canicule, mercredi 15 juin, notamment dans le Sud-Ouest.
Face à cet épisode, la Première ministre Elisabeth Borne a réuni mardi les préfets et les agences régionales de santé pour s'assurer "que tous les dispositifs sont en place" pour protéger les plus vulnérables. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a adressé un télégramme aux préfets pour les inviter à se mobiliser "personnellement". Voici les principales mesures de prévention et de surveillance qui ont déjà été prises ou demandées par les autorités.
Dans l'Education nationale : de l'eau pour que les candidats au bac évitent le "coup de chaleur"
Les épreuves écrites du baccalauréat ont débuté mercredi matin par la philosophie. En amont, le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, s'était entretenu avec les recteurs d'académie. "Une vigilance particulière sera apportée à la santé des élèves", a assuré le ministère dans un communiqué. Les chefs de centre d'examen ont été appelés à faire respecter les consignes prévues en cas de forte chaleur, "tout en assurant le bon déroulement des épreuves". Il leur est notamment demandé de "s'assurer que les candidats ont à disposition de l'eau potable et/ou leur permettre de sortir de la salle pour se désaltérer". "On saura être attentifs", déclare au Monde Bruno Bobkiewicz, porte-parole du SNPDEN-Unsa, syndicat des personnels de direction. "On est plus inquiets pour l'épreuve anticipée de français, qui aura lieu l'après-midi du 16 juin, que pour la philosophie".
La consigne de prudence ne s'applique pas qu'aux bacheliers, mais aussi aux élèves pour qui les cours continuent, en particulier "les plus jeunes" et "les plus fragiles", ajoute le ministère. De manière générale, les directeurs et chefs d'établissement doivent identifier les locaux les moins exposés à la chaleur, maintenir les stores ou volets fermés quand la façade est ensoleillée et limiter l'ouverture des fenêtres. Ils sont invités à se montrer attentifs "aux signes d'un coup de chaleur" (faiblesse, fatigue, étourdissements, vertiges, nausées, crampes...).
Dans les Ehpad : une vigilance à l'hydratation des résidents
L'inquiétude concerne aussi les Ehpad, où les équipes sont en première ligne pour protéger les résidents. "Les transmissions entre les agents et les soignants plusieurs fois par jour permettent de savoir qui a bu ou pas, qui a bien ou peu mangé, afin de pouvoir à chaque moment réguler cette consommation au mieux par rapport au risque de déshydratation", explique à France 3 Nouvelle-Aquitaine Olivia Merle, médecin coordinateur de l'Ehpad du Mas de Rome à Limoges (Haute-Vienne).
Le "plan bleu", qui existe depuis 2005, est déclenché chaque année dans les établissements recevant un public âgé ou à risque. Il permet de débloquer des moyens en cas de situation exceptionnelle, comme un épisode de canicule. Un dossier de liaison d'urgence doit être mis en place et rester accessible aux médecins à tout au moment.
Dans les entreprises : un appel à la vigilance, notamment pour le travail en extérieur
En cas de forte chaleur, les employeurs doivent adapter leur organisation pour limiter l'exposition des travailleurs, par exemple en aménageant des horaires décalés ou en augmentant la fréquence des pauses. Le ministère du Travail, qui a rappelé les préconisations début juin, conseille également de privilégier le télétravail quand cela est possible. En extérieur, l'entreprise doit prévoir un local pour accueillir les employés et prévoir au moins trois litres d'eau par jour et par personne. Fin mai, le ministère avait transmis des instructions aux inspecteurs du travail, les invitant à la vigilance sur la protection contre les conditions climatiques lors du travail à l'extérieur, l'accès aux boissons, mais aussi l'interdiction pour les employeurs d'affecter des jeunes aux travaux "les exposant à des températures extrêmes".
Si un département est placé en vigilance rouge, l'employeur doit alors réévaluer chaque jour les risques, pour chacun de ses salariés. S'il est impossible de prendre toutes les précautions, l'activité doit être suspendue et les entreprises peuvent recourir au dispositif d'activité partielle ou de récupération des heures perdues.
Dans les villes : une demande de mise en place d'îlots de fraîcheur
"Les métropoles étant des zones particulièrement exposées aux températures très élevées, vous y favoriserez la mise en place d'îlots de fraîcheur", a écrit le ministre Gérald Darmanin aux préfets. "Nous avons acheté des brumisateurs, qui viennent d'arriver", explique par exemple la municipalité de Bordeaux. La ville va les installer "dans des espaces publics, à la fois dans des places de la ville qui sont des fours, ou des espaces comme les dortoirs de maternelles et des salles de résidences seniors", explique à l'AFP Sylvie Justome, adjointe chargée de la Santé et des Seniors.
Les mairies sont aussi tenues de disposer d'un registre où sont recensées certaines personnes fragiles (plus de 65 ans, plus de 60 ans reconnus inaptes au travail et adultes handicapés). Il convient toutefois de se rapprocher des mairies pour demander son inscription.
Le ministère de la Santé a par ailleurs mis en ligne des visuels pour conseiller les particuliers sur les meilleurs moyens de se protéger des fortes températures. Une plateforme téléphonique pour s'informer à ce sujet, Canicule info service, est disponible lors des épisodes de chaleurs, au 0 800 06 66 66 (appel gratuit depuis un poste fixe), tous les jours de 9 heures à 19 heures. En cas de malaise, les autorités conseillent d'appeler directement le 15.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.