: Témoignages "Aller à la plage pour cramer, ce n'est pas raisonnable" : la canicule oblige les touristes à s'adapter
Pour Judith et son mari, les vacances riment normalement avec itinérance en scooter. Cette année, leurs plans en Corse ont un peu changé. "Aujourd'hui (mardi) il a fait 40°C, c'est brûlant. Faire de la route, avec la réverbération du goudron, les tenues de moto, c'est intenable, c'est un coup à se prendre une insolation", explique Judith, depuis Galéria, en Haute-Corse. L'un des nombreux départements placés en vigilance orange à la canicule, qui touche une grande partie du sud-est de la France mais aussi le sud de l'Europe et les destinations prisées comme l'Espagne, l'Italie ou la Grèce.
Judith, qui a répondu à un appel à témoignages lancé mardi 18 juillet par franceinfo, a donc décidé de rester au frais, dans le gîte où elle loge avec son mari. "On avait prévu d'acheter une petite tente, d'aller à la plage, mais si c'est pour cramer, ce n'est pas raisonnable. On s'adapte, on diffère nos promenades, on va aller prendre le frais dans la montagne", continue cette touriste venue de Tours (Indre-et-Loire), qui a la chance de pouvoir profiter d'une piscine sur son lieu de vacances pour se rafraîchir.
"On va regarder du côté du Nord, de la Belgique"
Brigitte et Philippe sont plutôt vélo que repos. Les deux retraités, âgés de 66 et 72 ans, parcourent chaque année la France à vélo, notamment l'été. Ils rentrent d'un périple entre Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) et Le Barcarès (Pyrénées-Orientales). "Normalement, on fait l'aller-retour, ça fait quand même 900 kilomètres, mais cette année, on a avancé en voiture et on sortait le vélo chaque jour pour se balader", raconte Philippe, qui craignait "de gros orages et des fortes chaleurs".
"Faire le trajet initial, ça aurait été difficile, et encore, il a 'seulement' fait 38°C, là cette semaine ça va frôler les 40-41°C", continue Philippe, qui vient des Yvelines et pense revoir ses plans pour 2024. "Cette expérience va nous faire réfléchir, peut-être qu'on va regarder du côté du Nord, de la Belgique, parce que maintenant, il faut éviter certaines régions entre mi-juin et fin août."
Le changement climatique, à cause duquel les vagues de chaleur sont plus en plus fréquentes et intenses, pousse les vacanciers interrogés par franceinfo à envisager d'autres destinations, plus fraîches, à l'avenir. "Ça fait plusieurs fois que je dis à mon compagnon qu'il faut qu'on parte en Ecosse, ironise de son côté Nathalie, qui vient de passer une semaine de vacances en Crête, la plus grande des îles grecques. Nous étions à Réthymnon et il a fait entre 37 et 39°C, c'était éprouvant. En quatre voyages ici, je n'avais jamais vu ça."
"Si on avait vu qu'il ferait 38°C, on ne serait pas venus"
Cette femme qui habite à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), où elle voit "déjà bien les conséquences" du réchauffement climatique, ne supporte pas bien la chaleur. Et elle a souffert. "J'ai quasiment fait un malaise, je n'arrivais plus à parler et ça m'a déclenché des migraines pendant une semaine", souffle Nathalie, dont la famille a passé une semaine au calme, avec une alimentation à base de "salades, de crudités, de pastèques et avec un petit appétit". "On n'a pas trop visité. On sortait le matin et en fin de journée, après 18 heures, même s'il faisait encore très chaud. L'après-midi, on restait à l'intérieur avec la clim'."
Le programme de Maïlys, son fils de 2 ans et sa grand-mère, en vacances à L'Estartit, en Catalogne, près de Gérone, est à peu près le même.
"Il fait une chaleur étouffante, et avec un petit, c'est compliqué. On dort mal la nuit et la sieste est compliquée. On sort tôt le matin, tard le soir et entre les deux, on reste au frais, rideaux fermés."
Maïlysà franceinfo
"Le petit ressent la chaleur, il pleure mais ne comprend pas pourquoi on doit rester enfermés", témoigne cette Parisienne qui a décidé il y a quelques jours d'aller en Catalogne. "La météo annonçait 30°C mais si on avait vu qu'il ferait 38°C avec le dôme de chaleur, on ne serait pas venus." Elle précise que le mercure est un peu retombé mercredi, au lendemain d'une journée "atroce", ce qui lui arrache un sourire. "Maintenant, quand on voit 33-34°C, c'est idiot mais on se dit que ça va, on revoit notre seuil de tolérance à la hausse." Maïlys repart en août au Portugal et à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) et en vient à espérer "qu'il fasse mauvais temps".
"On a décidé de rester chez nous"
Céline, qui prévoit de partir en Ardèche en août, réfléchit déjà à annuler ses vacances. "Le plan initial, c'est d'aller camper, mais s'il fait 40°C, c'est invivable, alors on va certainement changer si la canicule continue. On a réservé un camping à Casteljau, dans lequel on va souvent mais on n'a rien payé, pas laissé de caution", explique cette habitante de Grenoble (Isère) qui "rêve d'avoir froid en ce moment". "Les vacances, c'est fait pour se reposer, ce n'est pas pour être dans un four sous 40°C dans une tente. J'ai envie de fuir la chaleur, alors peut-être qu'on va aller en Bretagne. Et l'Ardèche, ce sera à l'arrière-saison", concède Céline.
Décaler ses vacances, c'est ce qu'a décidé de faire Fabrice. Cet habitant de La Ferté-Saint-Aubin (Loiret), un petit village au sud d'Orléans, est parti en vacances en juin. "Cet été, on a décidé de rester chez nous, on a trop souffert l'an dernier", témoigne celui qui avait écourté ses vacances dans les Cévennes en 2022, ce qui lui a servi de leçon. "Si les vacances, c'est pour rester à l'intérieur dans une location..."
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